Nouvelle histoire de l’islam
J’ai toujours été fasciné par l’Islam. Non pas que je souhaite devenir un jour musulman, mais je trouve au troisième grand monothéisme apparu dans l’histoire de l’humanité beaucoup plus de complexités que dans le christianisme – que mes lecteurs catholiques ou protestants ne m’en tiennent pas rigueur. Je me suis souvent demandé pourquoi, alors que le monde chrétien sombrait sous la noirceur du moyen-âge, c’est justement dans le monde musulman que s’est développé un amour des sciences et de l’art, qui contribua à la diffusion des mathématiques ou de l’astronomie.
Le lecteur curieux trouvera dans cette Nouvelle histoire de l’islam, écrite par John Tolan, des réponses aux interrogations précédentes. L’auteur, qui est avant tout historien et qui n’est pas musulman, le dit en filigrane : c’est avant tout une question d’hommes et non de religion. On s’y attendait un peu, me direz-vous.
Cela n’empêche pas une majorité d’individus sur cette terre, de porter des préjugés sur l’Islam qu’on aurait du mal à appliquer aux autres monothéismes. L’Islam serait incompatible avec els autres pratiques, ou avec la démocratie. Et tous les maux de ce siècle né dans la douleur d’un attentat massif mené par des terroristes musulmans, auraient leur origine dans cette religion.
C’est mal connaître cette religion, pratiquée différemment d’un pays à l’autre, par plus d’un milliard d’individus. Le livre écrit par John Tolan vient combler les lacunes dont nous, européens civilisés, n’avons parfois même pas conscience ! Et comment demander aux musulmans de connaître notre culture, si nous ne nous intéressons même pas à la leur ?
Le lecteur d’un tel livre n’en saura pas plus, en le refermant, sur la vie du prophète ou les différentes sourates du Coran. Mais il aura pu saisir les différents mouvements qui ont traversé cette religion tout au long des 15 derniers siècles. L’islam, c’est le moins qu’on puisse dire, n’est pas monolithique. Et si l’on fait preuve d’un peu de curiosité, on constatera facilement que les principales victimes des mouvements guerriers menés par des musulmans, sont aussi des musulmans.
C’est ainsi. Entre chiites et sunnites, entre Abbassides et Omeyyades, l’Islam a vue des groupes ou des croyances variées prendre le dessus et vouloir imposer leur vision de l’islam à leurs corréligionnaires, souvent indépendamment de toute vision sur nous autres, les infidèles. Ce que montre également ce livre, c’est qu’il n’ ya pas d’Islam sans une conception politique de l’Islam. Il y a toujours eu un ou plusieurs états à la pointe du monde musulman, parfois pour le meilleur, et parfois, comme depuis quelques décennies, pour le pire.
Alors si vous voulez comprendre pourquoi les Saoudiens détestent les iraniens, ou pourquoi l’Islam pratiqué à Djerba est empreint d’une tolérance remarquable, lisez ce livre. Personne ne vous reprochera de rester « infidèles », mais ne restez pas ignorants pour autant…
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
La dimension sociologique des religions, un thème qui fut cher à Georges Duby…