Ne m’appelez plus jamais Twitter…
Changer le nom d’un réseau social créé il y a plus de dix ans, avec quelques centaines de millions d’utilisateur actifs, il fallait oser… Et bien Elon Musk, dans sa démarche de grand chambardement, a osé le faire. Je n’oserais pas reprendre la citation classique attribuée à Audiard dans le cas d’Elon Musk, mais il faut bien avouer que j’ai du mal à comprendre cette démarche.
D’autant plus qu’elle n’a rien de vraiment convaincant à ce stade, et donne plus l’impression d’une initiative mal préparée qu’autre chose. Pour l’instant, x.com dirige vers twitter.com et non l’inverse, et le favicon n’a toujours pas été modifié. Pour un dinosaure du web, avouez que ça fait mauvais effet. Quant au logo accroché à l’entrée du siège de l’entreprise, il n’a pas pu être changé du premier coup, permettant ainsi de figer la transition sur une pellicule…
Bon, soyons honnête, je fais le malin avec cet article, mais je me souviens de l’entropie générée par le changement de nom de mon agence la première fois en 2012, puis cinq ans plus tard. Changer d’identité, cela ne se fait pas du jour au lendemain, il faut retoucher un tas de sites satellites, de comptes un peu partout, en faisant attention de ne pas tout casser. Autrement dit, c’est plus périlleux que de changer la couleur d’une palissade…
La question qu’on peut se poser, c’est celle de la raison de ce changement. Musk évoque les évolutions à venir, qui feront de Twitter un équivalent de WeChat, une plateforme globale intégrant réseau social, site de micro paiement et des tas d’autres services à venir. Reconnaissons-lui une vision stratégique un peu plus percutante que celle de ses prédécesseurs.
Mais fallait-il changer de nom pour cela, mettre une croix sur un historique pesant, et refourguer une URL qui fait plus penser – en France du moins – à une initiative de Dorcel qu’à celle d’un géant du web ? Avant de dire non, essayez de vous souvenir de l’ancien nom d’Areva, ou d’Engie…
Depuis 24 heures, cependant, ce changement de nom occupe les nombreux trolls qui règnent sur la plateforme – et j’en fait humblement partie, tellement j’ai été surpris du changement. Entre la reprise de l’ancien logo de Dexia, celui de l’École polytechnique ou le lien étrange avec X.org (le site du projet X Window, qui permettait de disposer d’une couche unifiée d’interfaces graphiques entre différents systèmes Unix), il va falloir du temps pour s’imposer.
Un doute m’assaille : comment va-t-il falloir appeler les Twittos ? des X-os ?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec