Ne m’appelez plus jamais Orange Israel
Mise à jour du 30 juin 2015
Orange a donc annoncé qu’il mettrait fin à son accord avec Partner d’ici deux ans. La disparition de la marque Orange Israel était donc bien dans les cartons. C’est triste.
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Mise à jour du 12 juin 2015
Depuis la parution de cet article, les choses ont pas mal évolué, et le PDG du groupe Orange a fait part de ses regrets et de la mauvaise interprétation de ses propos. Dont acte. Pour moi, il aurait été aussi maladroit de voir Orange se désengager du marché israélien, que de voir Samsung ou Google se désengager du marché français sous prétexte d’une réglementation trop tatillonne ou d’un recentrage de leurs activités.
Quant au sujet de l’appel au boycott, il faut rester vigilant. Le sujet a pris, ces derniers jours, des allures repoussantes, avec des initiatives comme celle de ce conseiller municipal de Bagnolet, qui appelle à boycotter les marques cachères, sous prétexte d’un soutien supposé du Consistoire à Israël, alors que cette institution créée par le premier empire, n’a de représentativité que nationale…
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Voyez-vous le petit logo Orange en haut à gauche de cette copie d’écran du site « Orange Israel » (http://orange.co.il)? Et bien dites-vous qu’il vit peut-être ses derniers jours. Avec lui disparaîtrait alors une petite trace de la présence française en Israel, avec lui disparaîtrait un peu plus de l’influence française en Israel. Pourquoi? Pour la simple est stupide raison que le premier opérateur de télécom en France, même s’il s’en défend, est en train de céder aux menaces proférées par des associations qui disent soutenir le peuple palestinien, mais qui ne fond que creuser un peu plus le fossé entre les deux peuples en instaurant un discours de haine et de mépris.
Car la présence d’Orange en israel ne date pas d’hier. Elle date de … 1999, à une époque où nous autres, abonnés Orange en France, prenions nos abonnements chez un certain France Telecom. Un abonnement chez Orange, j’en ai eu un en Israel avant d’en avoir un en France! Et oui, comme beaucoup, j’ai acheté ma première carte prépayée à l’international lors de mes fréquents séjours là-bas. Il faut dire qu’un matière de communications mobiles, les israéliens ont longtemps eu une longueur d’avance sur bien d’autres pays, tant l’usage du mobile s’y était répandu tôt.
Certes, Orange Israel n’était pas une filiale et ne disposait que du nom et du logo. Mais retrouver Orange en Israel, c’était, pour le touriste français ou anglais, une manière de retrouver un peu de la France au proche-orient. Pour Orange, rompre cet accord avec la société Partner, cela revient à renoncer à être visible dans un pays dont le dynamisme économique et technologique n’a rien d’anodin.
Tant pis pour Stéphane Richard, qui dans un communiqué officiel empreint d’une effarante langue de bois (à laquelle, hélas, nous sommes accoutumés), prétend qu’Orange ne souhaite pas maintenir la présence de la marque dans les pays où le Groupe n’est pas ou n’est plus opérateur. Ca tombe bien, Israel est apparent le dernier pays (me trompé-je) où cette situation perdure (à moins qu’Orange UK….). Espérons simplement que les autres investissements d’Orange en Israel ne disparaîtront pas dans les prochains mois, car ce serait un désastre pour la coopération entre les deux états, aussi utile à l’un qu’à l’autre.
En réalité, il faut bien comprendre que toute entreprise française qui travaille – ou envisage à peine de travailler – avec une société israélienne peut un jour recevoir un courrier comme celui-ci, que j’ai reçu à l’issue de mon séjour en octobre 2013, lors de la visite présidentielle. Une véritable honte, un scandale.
Des menaces directes, adressées au chef d’établissement, si son entreprise ou lui-même envisage de travailler avec des entreprises israéliennes, voilà ce à quoi il faut s’attendre. Cela s’appelle tout simplement un boycott, comme celui organisé par BDS. De nombreuses banques françaises s’y sont pliées, et se sont désengagées depuis deux ans. Sans explications. Comme cela. D’autres acteurs industriels les ont suivis. Ce qui nous guette, c’est une rupture en douceur des relations économiques entre la France et Israel. Qui peut croire un moment que cela contribue au bonheur du peuple palestinien? Sous prétexte de venir en aide au peuple palestinien, alors qu’il est évident que c’est par le dialogue, et non la confrontation, qu’on arrivera un jour, je l’espère, à des accords de paix.
J’espère qu’un jour les chefs d’entreprise qui ont pris de telles décisions auront l’honnêteté de reconnaître que c’est sous la pression qu’ils ont pris de telles décisions. Celle que vient de prendre Stéphane Richard ne fait pas honneur à la France.
A lire sur le même sujet:
- Le point de vue radicalement différent de Jeremie Berrebi
- Le point de vue décapant de Yoram Salamon sur RootIsrael
- L’analyse de Charles Enderlin
- L’article sur le blog « Agence media Palestine » sur le site de Mediapart
Note: les commentaires de cet article sont fermés, car je n’ai pas le temps de répondre aux insultes et aux messages hostiles qu’il risque de provoquer.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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