MyHeritage, l’outil idéal pour conserver la mémoire du judaïsme tunisien
Arrivé sur MyHeritage pour construire un arbre généalogique cohérent, je me retrouve aujourd’hui avec bien plus qu’un arbre : une forêt. Elle comprend un peu moins de 10 000 individus à ce jour, majoritairement nés au sein de ce qui a constitué la communauté juive tunisienne de la fin du 18ème siècle à ce jour. Certains données sont exactes : celles issues des registres d’état-civil, ou obtenues directement en m’adressant aux individus encore en vie. D’autres sont estimées, reconstruites en croisant des arbres d’origine diverses, auxquels l’offre complète de MyHeritage me donne accès. C’est un peu cher, certes, mais au final, cela permet de constituer une mine d’or.
Cette mine, c’est la mémoire des familles juives tunisiennes. Je ne prétends pas là que les données conservées par MyHeritage sont de nature plus riche ou plus précise que celles que des historiens spécialistes de cette communauté pourraient agréger par un travail plus ambitieux. Il y manque tout ce qu’on qualifie aujourd’hui de « storytelling ». Né moi-même en France, je serais bien incapable de vous raconter l’histoire de cette communauté.
Les derniers dépositaires de cette histoire, c’est la génération de mes parents, une génération qui va, hélas, dans la décennie qui vient, peu à peu s’éteindre. Avec eux, les souvenirs de cette vie juive dans les principales grandes villes de Tunisie vont disparaître, pour laisser place aux mythes, aux légendes. Les derniers à avoir connu cette communauté sur place, sont nés dans les années 60. Ils ont quitté Tunis, Nabeul, Sousse, Sfax, Gabès, Djerba ou Tozeur pour s’installer en France, en Israel ou de l’autre côté de l’Atlantique.
Cette forêt de près de 10 000 individus est appelée à poursuivre sa croissance. Chaque soir, en discutant avec des amis nés au sein de ces familles, je parviens à raccrocher un bout d’arbre. Les principaux noms qui ressortent, ce sont bien sûr les Kabla, venus de Djerba et de Tataouine, mais aussi des Guez et des Mamou de Nabeul, des Chaltiel venus de Grèce, des Raccah, des Fellous, des Fitoussi, des Sebag, des Hayoun, des Ktorza, des Journo, des Uzan, des Taieb, ainsi que des noms de familles venus s’installer à la fin du 19ème siècle, en quittant l’Italie : des Boccara, des Finzi, des Enriquez, des Sacuto, des Bembaron, des Valensi, des Douani, des Lumbroso.
Je ne suis d’ailleurs pas le seul à avoir entrepris un tel travail. D’autres arbres, sur MyHeritage, témoignent d’une telle volonté. J’y croise souvent les données que je collecte ailleurs. Tel un immense puzzle de plusieurs milliers de pièce, cette communauté prend progressivement forme. On y retrouve ce qui faisait la vie des communautés juives des siècles précédents : familles nombreuses, forte mortalité infantile, mariages entre cousins.
Si vous-même, cher lecteur, appartenez à cette communauté, il ne tient qu’à vous de m’aider à poursuivre ce recensement, en me communiquant vos données familiales (par mail, et non en commentaire, visible de tous). Les noms et prénoms des parents, grands-parents ou oncles et tantes, suffisent parfois à recoller les morceaux.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec