Municipales: Banlieue naufragée
Ce très court livre, publié au sein de la collection Tracts de Gallimard, est un cri de colère. Celui d’un auteur de polars connu, qui a vécu toute sa vie à Aubervilliers, et qui quitte sa ville écoeuré, et en colère, contre l’évolution de certaines villes de banlieue, anciens bastions du Parti communiste, devenus les bastions d’un clientélisme abject. Sans citer aucun nom – mais il suffit d’un peu de culture politique ou d’un accès à Internet pour s’y retrouver – Didier Daeninckx raconte la rapide dérive, en quelques années à peine, qui a permis à des malfrats de prendre le pouvoir, jouant sur l’ambiguïté du discours indigéniste pour couvrir les comportements de ces individus.
Au fil de ces 48 pages, on a du mal à se dire que cela se déroule au 21ème siècle, en France, à deux pas du périphérique. Mais Didier Deaninckx n’est pas avare de détails, loin de là. Et de sa plume incisive, il trace un portrait stupéfiant et inquiétant de ce que devient l’ancienne banlieue rouge, un territoire où quelques personnes habiles ont su profiter des taux d’abstention anormalement élevés pour prendre le pouvoir et en tirer profit un profit personnel.
Moins chirurgical que Les territoires perdus de la République, mais beaucoup plus acrimonieux, Municipales: Banlieue naufragée est un ivre qui doit amener l’état et les collectivités locales à réfléchir, et de manière urgente, sur les moyens qui permettront de lutter contre de telles dérives. Sans cela, on risque de se réveiller, un jour, dans un pays qui n’aura de démocratique que son passé.
Effrayant.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Beaucoup de gens qui passent par Aubervilliers doivent penser que c’est une ville qui a toujours été sale et déglinguée et n’y font plus attention. Alors que c’était une ville qui avait un cachet et où il était agréable de passer. On pourrait dire la même chose de pleins d’autres villes de Seine St Denis et du val de marne.
On pourrait même dire cela de presque toute la France, Dom Tom inclus. L’un de mes trois souhaits les plus chers : m’expatrier.
Je ne sais pas ce qui s’est passé au niveau politique, mais le 95 semble avoir suivi le chemin du 93. Dans ma jeunesse, il y faisait, effectivement, bon vivre. Et, surtout, les services publics y étaient efficaces. Non seulement les trains partaient et arrivaient à l’heure, mais on y trouvait des lycées d’élite. Pour autant, il n’y avait pas moins d’immigrés que maintenant.
Je pensais que l’enfer avait été pavé de bonnes intentions. On a pensé que l’individu avait besoin de s’épanouir et qu’il fallait combattre ce qui l’asservissait, l’école et l’entreprise, en particulier.
Emploi (industriel) et école, c’était le modèle communiste, par ailleurs.