Mourir peut attendre
Jamais film de James Bond n’a aussi bien porté son titre. Alors qu’on l’attendait pour le printemps 2020, le dernier épisode des aventures de 007 a dû être reporté pour cause de Covid. Et pour que la sortie soit synchrone sur toute la planète, il fallait attendre que la crise sanitaire atteigne un minimum acceptable un peu partout dans le monde. Bref, ce James Bond s’es fait attendre.
Mourir peut attendre est-il un bon James Bond ? À la sempiternelle question qu’on pose à la sortie d’un tel film, il faut répondre par une autre questions : qu’est ce qu’un bon James Bond ? Un divertissement à grand spectacle, où le héros se sort de multiples situations incroyables, et tombe au moins deux superbes jeunes femmes, en général une méchante et une gentille, en moins de deux heures ? À cette dernière question, la réponse est non.
Il faut dire que depuis ses débuts dans Casino Royale, le héros incarné par Daniel Craig s’est assagi. Ses scénaristes ont voulu lui donner une « épaisseur », des sentiments, une passion. Pire, alors qu’auparavant chaque épisode pouvait être vu indépendamment des autres, les derniers James Bond se sont enchaînés dans une sorte de série au long terme, dans laquelle on retrouve les mêmes méchants, la même organisation criminelle. bref, nous sommes passés à deux doigts de la netflixisation du héros de Ian Fleming…
Pour sa dernière apparition dans le smoking de 007, Daniel Craig a donc perdu tout ce qui faisait son charme initial : sa violence sourde, sa rugosité, son punch. Il continue de s’énamouracher d’une Lea Seydoux qui passe à côté de son personnage, et l’on se demande parfois si l’on n’est pas tombé en plein mêlo plutôt que dans un film d’action. Tom Cruise doit bien se marrer…
Déçu ? Non, il est temps de passer à autre chose et de revenir aux anciens Bond, dont on entraperçoit quelques références tout au long des plus de deux heures trente que dure cet opus : la longue robe échancrée de Barbara Bach dans L’espion qui m’aimait, l’île isolée qu’on a vu dans je ne sais quel autre Bond, un passage par la Jamaïque…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec