Moubarak XVI
Incorrigible Alexandre Adler. Sa chronique diffusée ce matin sur France Culture, consacrée aux récentes déclarations du pape et aux réactions qu’elles ont provoqué dans le monde arabo-musulman, s’intitule Moubarak XVI: amusante référence à la traduction en arabe du terme Benedictus. Benoit, Barak, Moubarak et Benedictus, les appellations du Pape varient d’une langue à l’autre, et prennent des formes parfois originales.
Pour le reste, cette émission, dont l’invité était le philosophe et théologien Paul Thibault, revenait intelligemment sur les propos du Pape. L’occasion de rappeler le contexte historique de l’échange tant controversé. Un empereur Byzantin du XIVe siècle, le cruel Manuel II Paleologue, prisonnier du sultan Bayezid Ier, se livre à une controverse dans laquelle il reproche au Prophète d’avoir permis la diffusion de la foi par l’épée. C’est ce texte que le Pape a repris dans son dicours prononcé à Ratisbonne, négligeant l’impact que de tels propos peuvent avoir, au lendemain des commémorations du 11 septembre 2001. Et en oubliant de mettre en rapport cette vision d’une foi imposée par l’épée avec les vicissitudes de l’inquisition, pourtant pas si éloignée, dans le temps, des propos de Manuel II.
Bref, ce qu’on peut reprocher au Pape, c’est essentiellement son manque de tact et de vision politique dans le contexte actuel. Il sera d’autant plus difficile, pour le saint siège, de tenir un discours cohérent dans le contexte international, et de se ùêlern de près ou de loin, à ce qui se passe au proche-orient. Un beau raté, en somme.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec