Le monde arabe et l’autocratie
Dieu que c’est difficile de prévoir une révolution… Pas un seul gouvernement, pas un diplomate n’a, semble-t-il, vu venir le vent de la colère. Rares sont également les journalistes à avoir eu du flair sur ce sujet. On pourrait même dire que pour certains, le statu quoi était quasi-normal. En jetant mes vieux journaux, je suis tombé sur un article de The Economist, reproduit par le magazine Challenges, qui ne fait pas exception: pour le journaliste, les seuls régimes envisageables dans les pays arabes sont des dictatures… Je vous laisse déguster.
Un peu comme si au sortir du 18e siècle, on écrivait que les peuples européens étaient destinés à être gouvernés par des monarchies. Le droit à la démocratie doit s’acquérir non seulement auprès de ces dictateurs, mais aussi auprès de la presse occidentale…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Mais sommes-nous toujours des démocraties? Et si notre « incapacité à prévoir une révolution » venait de la connivence entre nos élites et les dictatures orientales, non d’un quelconque aveuglement?
– Le fils de Kadhafi, par exemple, a obtenu (= acheté) une thèse d’économie de la London School of Economics (http://www.economist.com/blogs/schumpeter/2011/02/everything_will_burn_2).
– Les multinationales occidentales sont extrêmement à l’aise avec les dictatures (cf. BP).
– L’Occident a reçu les oligarques russes, à bras ouverts.
– etc.
En Occident et en Orient, les gens qui sont au pouvoir se ressemblent: ils sont extrêmement riches, ils dominent l’économie, et ils estiment que c’est leur mérite qui les a placés dans cette situation – donc que le reste de la population n’a pas le droit à la parole.
Et si c’était la révolte orientale qui donnait une leçon de démocratie à l’Occident?
Les modes d’élection restent démocratiques. Le parlement a toujours un pouvoir théorique. Et les révoltes arabes n’ont pas encore instauré des régimes démocratiques, elles ont simplement brassé les cartes pour l’instant.
Mais ton constat sur les connivences entre pouvoir économique et pouvoir exécutif restent valides. Que caractérisent-elles? Le pouvoir, sous toute ses formes, a toujours apprécié l’argent, et c’est réciproque…
Sont-ce les parlements qui font les démocraties? Tocqueville disait qu’elles légitimaient la domination des plus forts.
Par exemple, s’il y a consensus entre partis politiques, où est le choix? N’est-ce pas le problème que posent FN, Tea Party, etc.
Et s’il n’y a pas d’opposition crédible, comme en Italie ?
D’ailleurs, n’est-ce pas les manifestations qui font tomber les gouvernements, en France comme ailleurs (le mécontentement de la population anglaise vient d’avoir raison du projet de privatisation de la forêt nationale).
Quant au pouvoir, il est vrai qu’il aime ceux qui réussissent. Mais rarement autant qu’aujourd’hui (cf. les gouvernants d’après guerre).