Mikhaïl Gorbatchev
Mikhaïl Gorbatchev fut le dernier dirigeant de l’URSS. Né au début des années 30, il succéda à des dirigeants vieillissants (Andropov, Tchernenko), et donna l’impression d’un rafraîchissement de la structure dirigeante du parti, à son arrivé au pouvoir en 1985. Il dirigea alors l’Union soviétique de 1985 jusqu’au putsch raté de l’été 1991, et la prise de pouvoir Boris Eltsine.
Affublé d’une tâche de vin sur le crâne, qui rappelait la forme de son immense pays, Gorbatchev est l’homme des grandes contradictions. Considéré comme un grand chef d’état en occident, pour avoir mis un terme – momentané – à la guerre froide, son image est plus contrasté en Russie même, où l’on considère que c’est sous sa direction que la Russie a perdu toute sa superbe. Peut-être Gorbatchev fut-il tout simplement un modernisateur qui a complètement foiré les changements qu’il voulait réellement mener.
N’oublions pas que quand il prend le pouvoir, en 1985, l’URSS est encore très loin de ce qu’on appellera plus tard perestroika (la reconstruction à grands coups de réforme) et glasnost (la « transparence »). L’URSS est encore cet immense pays qui tient sous sa coupe le bloc de l’Est, qui a envahi l’Afghanistan quelques années plus tôt, et qui est en pleine escalade aux armements nucléaires de longue portée.
Mais le coût de la politique menée par les dirigeants soviétiques s’avère énorme. être la seconde super puissance militaire, ce n’st pas gratuit, cela demande des efforts, que Moscou va avoir de plus en plus de mal à mener. Soixante ans de communisme ont mené le pays à un niveau d’inefficacité affolant, et le Parti l’a bien compris. La feuille de route de Mikhaïl Gorbatchev, ce sera la modernisation du pays. Une modernisation soit, mais comment la réaliser, sans changer de cadre politique.
Surtout que les emmerdes s’accumulent. L’accident de Tchernobyl, en 1986, montre la vétusté des infrastructures soviétiques au reste du monde. L’invasion de l’Afghanistan est un échec, l’URSS doit retirer ses troupes. Les réformes politiques à l’intérieur font émerger des profils de réformateurs prêts à changer profondément le pays.
Et puis surtout, Gorbatchev n’est pas Staline. Ni Brejnev. Ni, on peut désormais le voir, Poutine. Il n’est pas un apôtre de la violence. Lorsque le mur de Berlin est mis à bas, il ne bronche pas, on se demande même s’il n’applaudit pas intérieurement… La suite, c’est le démantèlement du bloc de l’Est, l’indépendance des républiques russes, l’une après l’autre, la réunification de l’Allemagne…
Gorbatchev avait-il prévu tout cela ? J’en doute. L’appelait-il de ses voeux ? J’en doute aussi. Gorbatchev me fait plus penser à un apprenti sorcier, qui en soufflant l’air des réformes ne s’est pas rendu compte qu’on n’instille pas un vent de liberté sans conséquence. Il a ouvert une brèche, dans laquelle des dizaines de millions de personnes, des peuples entiers, se sont engouffrés.
L’occident l’a couvert de récompenses pour cela, allant jusqu’à lui décerner un prix Nobel de la paix : tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Son pays, lui, lui en tiendra rigueur jusqu’à sa mort.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec