Meghan et les Windsor, saison 3 ?
Qu’est ce que la noblesse ?
Vaste question, à laquelle de nombreux écrivains ont apporté différentes réponses, au fil des siècles. N’est-ce qu’une expression différente pour marquer la célébrité ou la renommée, comme l’étymologie du terme semble l’indiquer ? Ou est-ce plutôt l’accumulation de valeurs, matérielles ou spirituelles, qui permettent de distinguer ceux qui s’en réclament du reste des mortels ? Est-ce un droit, acquis par le sang ? Ou l’acceptation de responsabilités écrasantes ?
Difficile de répondre de manière définitive, chacun ayant son point de vue sur la question. En tout état de cause, la noblesse impose ses marques, et on ne peut s’en réclamer sans démontrer un certain nombre de valeurs, de courage, d’abnégation, de hauteur de vue, de refuse du compromis ou de toute forme de soumission. Qu’il manque une de ces qualités, et on ne peut prétendre à faire partie de cette catégorie d’individus.
Dès lors, on peut se poser la question l’intervention de Meghan Markle et de son prince de mari ces derniers jours à la télévision : s’agit-il d’une marque de noblesse ? La réponse s’impose d’elle-même, n’est-ce pas ?
Qu’on me comprenne : je ne suis pas un fan de la famille royale britannique, et les aventures des princes et princesses du palais de Buckingham ne sont pas ma principale préoccupation. Mais le matraquage médiatique dont bénéficie le jeune couple depuis quelques jours mérite qu’on en tire quelques enseignements. Et même si je n’ai pas supporté plus de 5 minutes de cette interview, diffusée hier soir sur une chaîne française et la veille avec l’amie des stars Oprah Winfrey, je me demande quand même quel impact un tel événement peut avoir sur la conscience et la morale du grand public.
En épousant le prince Harry, l’actrice américaine savait où elle mettait les pieds : on n’approche pas un rejeton de la famille royale comme on prend le métro, on ne pénètre pas dans une telle sphère par hasard. C’est de manière volontaire, et probablement intéressée que les deux tourtereaux ont convolé il y a quelques années. L’un comme l’autre y trouvaient leur intérêt du moment.
Mais toute actrice qu’elle est, Meghan Markle n’a semble-t-il pas compris quel rôle on doit jouer quand lie son destin à celui d’une telle famille. Qu’on apprécie ou non la couronne britannique, peu importe : elle a réussi, au fil des siècles, à associer son destin à celui d’un peuple, et rares sont ceux, Cromwell compris, qui ont réussi à l’ébranler durablement. La faire imploser de l’intérieur, en exposant au public ses petites misères et ses atroces préjugés n’y changera rien : la maison Windsor, comme celles qui l’ont précédée à la tête du royaume, fait partie des mythes sur lesquels s’est construite l’identité britannique, dans un schema à la Harari.
Revenons donc à notre question. Qu’est ce que la noblesse ? C’est avant tout une manière de marquer l’histoire, par le rang qu’on a tenu, les actes qu’on a réalisé, ou les idées qu’on a conçues. Toutes choses qui manquent, hélas, à Meghan Markle.
Jacob Weiss, un de mes anciens collègues chez SmarTeam, avait l’habitude de dire, en citant les Maximes des pères, que pour juger un individu, il fallait l’apprécier selon trois critères : bekisso, bekosso, bekaasso. Bekisso : par sa proche, c’est à dire son rapport à l’argent. Bekosso : par son verre, c’est à dire son rapport à l’alcool et à la liberté débridée. Bekaasso : par sa colère, c’est à dire son rapport à la violence. J’ai, depuis, fait mienne cette approche.
Elle vaut pour les hommes, comme pour les femmes.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec