Marketing spatial
Je ne sais pas si le lancement du Falcon Heavy de SpaceX marque une étape fondamentale dans l’histoire de la conquête spatiale. Après tout, des retours de fusée en mode vertical, on était déjà habitué à en voir avec Blue Origin, la fusée financée par Jeff Bezos. Mais une chose est certaine: ce lancement marque une étape fondamentale dans l’histoire du marketing spatial.
D’abord avec une diffusion en direct via différents canaux digitaux. On pouvait suivre le lancement – réussi – que l’on soit sur Twitter ou Facebook.
Liftoff! pic.twitter.com/2ypESsi1sF
— SpaceX (@SpaceX) 6 février 2018
Idem pour l’atterrissage des boosters latéraux. Le booster central, quant à lui, se serait crashé en raison d’une panne moteur.
Falcon Heavy side cores have landed at SpaceX’s Landing Zones 1 and 2. pic.twitter.com/oMBqizqnpI
— SpaceX (@SpaceX) 6 février 2018
Mais là où cela confine au grandiose, c’est lorsqu’on se penche sur le type d’objet lancé par la fusée: un roadster Tesla, piloté par un mannequin baptisé Starman, qui dispose de son propre compte Twitter (of course), et qui aa diffusé des photos d’une magie évidente du début de son trajet en direction de l’orbite martienne. Grandiose.
Goodbye, Earth! pic.twitter.com/8PZh7SNyUH
— Starman (@SpaceX_Starman) 7 février 2018
En soi, l’exploit n’est probablement pas si difficile. Il est beaucoup plus délicat de mettre convenablement sur orbite un satellite de télécommunication. Et si l’on remonte 50 ans en arrière, envoyé un singe ou un homme fair eun tour complet de la terre et revenir en vie a dû poser des problèmes autrement plus délicat. On retiendra le vol de Gagarine, comme on a retenu le premier pas de Neil Armstrong, l’atterrissage de la première navette spatiale ou l’explosion de Columbia. Mais je suis certain qu’on retiendra également ces photos d’une grâce particulière.
Bien sûr, l’humour à base de références culturelles n’est jamais loin. La Tesla de l’espace navigue au son – non diffusé dans le néant cosmique – de Space Oddity et de Life on Mars. Et les circuits imprimés de ce module spatial d’un nouveau genre portent une inscription, qu’il sera sans doute difficile de décrypter pour les éventuelles créatures extra-terrestres croisées lors des prochains millénaires: comment traduire « Made on Earth by Humans » quand on ne dispose d’aucun corpus littéraire pour identifier les termes? Peut-être ce message s’adresse-t-il, tout simplement, aux descendants de l’espèce humaine au cas où ils croiseraient cette étrange voiture, lors d’un voyage intersidéral. Cela serait probablement plus drôle encore.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Brillant !
Nous sommes les extraterrestres et cette publicité nous est destinée. C’est une publicité pour la puissance créatrice du « marché » et de l’entreprise américaine. Et, vu la musique choisie, de la culture américaine (absence de culture ?).
Elle a pour but de faire croire à une gigantesque avancée. Alors que il n’y a pas eu de significatives évolutions de la technologie spatiale depuis les années 60. Et peut-être même depuis von Braun. Et que, de toute manière, elle n’est que le résultat de siècles d’accumulations de découvertes.
Space X prend l’extraterrestre pour un imbécile.