Maladies longue duree et remboursment des medicaments
Le directeur de l’assurance maladie s’est offert sa journée de célébrité, hier, en annonçant la diminution du taux de remboursement des médicaments pris dans le cadre de maladies longue durée (ou ALD pour affections longue durée). L’objectif visé est de réaliser 3 milliards d’euros d’économie sur trois ans, en faisant passer le taux de remboursement actuel de ces médicaments de 100% à 35%. Car cette mesure concernerait près de 8 millions de nos compatriotes, pour lesquels le cout moyen s’établirait autour de 8000 euros par ans…
L’annonce a provoqué le tollé auquel on pouvait s’attendre. Quoi, toucher au système de santé français, l’un des plus efficaces au monde, que nombre de citoyens de pays étranger nous envient? Il y a de quoi protester en effet. D’autant plus qu’en matière de dépenses publiques, celles concernant la santé et l’éducation sont de loin les plus justifiables (par opposition, par exemple, aux frais de communication engagés pour parler du pouvoir d’achat…).
Depuis, le gouvernement fait volte-face. Non, on ne toucherait pas au taux de remboursement de ces médicaments, mais on ferait appel aux mutuelles… qui elles-mêmes ne manqueront pas de répercuter cette décision par une hausse de leurs tarifs, et donc in fine, par des versements supplémentaires effectués par les salariés…
Faire payer les malades, faire payer les mutuelles, on pourrait s’étonner que l’état n’envisage pas de ponctionner les premiers responsables de ce déficit, à savoir … les laboratoires pharmaceutiques, qui fabriquent les médicaments pris dans le cadre de ces ALD. Car si la facture des ALD est si douloureuse, c’est avant tout en raison du prix élevé des médicaments. Pfizer, Sanofi-Aventis et consors réalisent de superbes marges depuis quelques années: près de 8 milliards de dollars de marge nette pour Pfizer en 2007 (soir 20%), près de 5 milliards pour Sanofi Aventis (soit 15% environ également). Quand bien même la part de marché de ces labos serait réduite en France, on peut considérer qu’une partie de ces gains correspond justement … à la facture que l’état voudrait faire porter par les malades ou les contribuables.
Où serait la justice d’une telle mesure?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec