Mais qu’en pensent les Suisses?
Vertigineux. Le montant des placements révélés par l’affaire SwissLeaks a de quoi laisser songeur. 180 milliards d’euros, rien que pour ceux gérés par la filiale d’HSBC qui fait l’objet d’une attention particulière depuis dimanche! Et encore ne s’agit-il que d’une seule banque… Combien d’autres cas seront révélés, le jour où d’autres salariés accepteront de révéler l’ampleur des sommes dissimulés dans les établissements voisins? Et au-delà des noms livrés en pâture dans la presse, je me pose une question sans réponse: mais qu’en pensent les Suisses?
Oui, qu’en pensent les Suisses, ces habitants de ce petit pays, si souvent cité en exemple pour sa propreté, le civisme de ces citoyens – tiens, on me citait hier après-midi le cas de ce fabricant de matériel de haute précision, dont les prix avaient été portés vers le haut en raison des évolutions du taux de change euro / franc suisse, et dont les salariés avaient accepté sans broncher une baisse de salaire de 5% pour pouvoir baisser les prix de vente auprès de ses distributeurs en France – qu’en pensent-ils? Comment perçoivent-ils cet incivisme à grande échelle, qui détourne des caisses de dizaines d’états les recettes d’impôts auxquelles ils étaient en droit de prétendre? Il faudra bien qu’un jour, le peuple Suisse prenne conscience de l’incongruité d’une telle situation.
Et puis il y a le cas de nos concitoyens, chefs d’entreprise, célébrités, sportifs de haut niveau, chanteurs, artistes, humoristes, qui ont « planqué » un, deux ou dix millions à l’abri du fisc. On pense particulièrement à celui-là, qui depuis quelques mois servait de faire valoir pour une grande banque nationale, sur les chaînes de télévision. Certains, le quotidien Le Monde le relate, peinent de voir leur nom livré à la presse. Ah bon? Ne peinent-ils pas de voir leur pays payer le prix d’une dette qui se creuse un peu plus chaque année? Leur incivisme leur a-t-il fait oublier l’un des principes de la République, l’intérêt d’autrui avant l’intérêt particulier? Pour moi, ces tristes personnages ne méritent rien moins que la déchéance de leur nationalité.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec