Mais non Google+ n'est pas mort!
La rumeur qui bruisse depuis vendredi, c’est celle de la possible disparition prochaine de Google+. Tout est parti de l’annonce du départ de Vic Gundotra de Google: après 8 années de bons et loyaux services, le « père spirituel » de Google+ l’a annoncé … sur Google+, évidemment.
Et bien, tout comme pour le futur passage de Facebook à un mode payant pour ses utilisateurs, je ne crois absolument pas à ces funestes prédictions, et voici pourquoi.
D’abord, et il faut bien en avoir conscience, Google+ s’est parfaitement intégré dans la galaxie Google. Ce n’était pas gagné d’avance, et après les désastres « Buzz » et « Wave », on aurait pu se dire au tout début, en 2011, il y a 3 ans de cela que décidément, Google ne saurait jamais se lancer sur les réseaux sociaux. Erreur. En 2014, on trouve du Google+ dans une grande variété de produits, de Gmail à Google Address, en passant par YouTube, Blogger, Drive et bien sûr Android.
Ensuite, si Google+ ressemblait un peu Facebook à ses débuts, il s’en est singulièrement éloigné depuis, avec l’introduction de fonctionnalités essentielles – hangouts, intégration Google Drive, intégration avec la messagerie Google, qui en font un complément tout à fait cohérent du reste de l’offre Google, doté de sa propre identité. On aime ou on n’aime pas, c’est sûr, mais ça marche, et ça marche très bien.
Du côté des fonctionnalités qu’on apprécie, notamment, rappelons la possibilité de gérer des hangouts à plusieurs, véritables sessions de visioconférence à coût zéro, ou le push mail dirigé vers les membres d’un « cercle », même si sur le long terme, cette fonctionnalité finira par lasser les destinataires.
Par ailleurs, Google+ a su rester exempt de tout encart publicitaire, contrairement à Facebook, qui ne fonctionne que pour et par la publicité.
Enfin, Google peut-il du jour au lendemain tirer un trait sur une plateforme qui accueille quelques dizaines de millions d’utilisateurs réguliers? Certes, on est loin de l’omnipotence de Facebook, que ses utilisateurs consultent de manière compulsive plusieurs heures par semaine, mais auprès de certaines populations, Google+ n’est pas loin d’être devenu aussi addictif…
Alors que signifie le départ de Vic Gundotra? Comment l’interpréter autrement que par le tocsin de la plateforme qu’il a érigé? Plusieurs pistes sont possibles, et nous autres blogueurs ou analystes de l’univers du web social ne pouvons que spéculer en aveugle. Tout d’abord, il faut bien avoir conscience que le départ d’un leader ne signifie absolument pas la disparition d’un produit. Au contraire, c’est souvent l’occasion de lui donner un nouveau départ, une nouvelle jeunesse, une réorientation qui peut parfois tourner court (penser à l’arrive de Ray Ozzie chez Microsoft), et parfois se transformer en succès.
Ensuite, au terme de trois ans de croissance rapide et tout azimut, il faut bien admettre aussi que Google+ a besoin d’une phase de consolidation. La monétisation de cette plateforme va sans doute être une des pistes dont devra s’occuper la nouvelle équipe: comment rentabiliser ces milliards de petits bouts de conversation stockés sur les serveurs de Google?
La stratégie vis a vis des entreprises devra elle aussi être clarifiée. Si la gestion d’une page sur Facebook commence a coûter cher en terme d’acquisition de trafic (les revenus de Facebook sur Q1 2014 sont en hausse, devinez pourquoi…), la gestion d’une page Google+, elle, n’a pas fini de soulever des questions de légitimité chez nombre d’annonceurs qui hésitent à se lancer, maintenant qu’on sait que l’impact sur le référencement est quasi nul.
Non, Google+ n’est pas mort. Il va juste changer de cavalier. Et sortira probablement encore plus fort de cette transition. A suivre…
A lire aussi, les points de vue de Christophe Faurie, David Glance, Nicolas Jegou.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec