L’optimisation fiscale expliquée à mon boss
L’optimisation fiscale est un sujet qui connaît un sacré regain d’intérêt ces derniers temps, depuis qu’on a découvert que les grands acteurs du web, Google et Apple en tête, préféraient planquer leurs revenus dans des pays à faible taux d’imposition plutôt que payes des impôts aux Etats-Unis ou dans les pays sur lesquels ils réalisent ces revenus. On parle même, depuis quelques temps, de l’optimisation fiscale réalisée par quelques acteurs de la grande distribution en France. Sujet à suivre, tant le problème de la dette des états est devenu critique…
Ceci étant, l’optimisation fiscale ne date pas d’hier, et ne concerne pas que les entreprises, loin s’en faut: la création de comptes offshore est une pratique vieille de plusieurs dizaines d’années. Le Delaware, Chypre ou Singapour sont des destinations réputées, par que pour leur climat… Tout chef d’entreprise, tout ancien élève d’une grande école française, a un jour été approché par un commercial, qui lui tient au téléphone à peu près ce type de discours.
Bonjour Mr Kabla, je vous appelle suite à votre rendez-vous téléphonique avec Mme Duchmol il y a 6 mois (appel qui n’a jamais eu lieu en fait) au jet de l’optimsiation fiscale de votre patrimoine…
Ou encore:
Bonjour Mr Kabla, je suis Mr Moudutruc, je travaille pour le cabinet <xxx> Gestion Privée, je vous propose de faire le point sur votre patrimoine au regard des nouvelles dispositions de la loi patati patata…
Ou même:
Bonjour Mr Kabla, je suis Mr Bingdanslezboub, vous nous aviez contacté (mon oeil) pour optimiser votre déclaration de revenus, je vous propose de nous rencontrer dans vos locaux ces prochains jours…
Il va de soi que ces type de démarche m’emmerdent monstrueusement, et que la plupart du temps, je répond de manière assez brutale, et finit par raccrocher violemment à ces gens qui me font perdre mon temps et ma bonne humeur. Leur répondre simplement « Non, je ne suis pas intéressé » ne suffit pas non plus, car ces commerciaux aguerris à la prospection téléphonique rebondissent immédiatement en vous disant:
Comment, vous n’êtes pas intéressé par payer moins d’impôts?
Ou alors:
Vous êtes bien le premier qui me fait une telle réponse! Vous aimez payer des impôts, vous?
Comment dire, en fait, oui, je suis content de payer des impôts: je trouve que c’est un devoir, une fierté, de financer des routes, des écoles, des retraites et le système de santé que tout le monde nous envie. Peut-être que ça vous paraît con, mais je l’assume parfaitement: je paie mes impôts, mes PVs et tout un tas de trucs.
Mais passons: difficile, donc, de se défaire de ces experts de l’optimisation fiscale autrement que par la ruse, et voici la stratégie que j’ai adoptée: je leur réponds simplement ceci.
Cher Monsieur / Chère madame, je vous arrête tout de suite: mon épouse fait exactement le même métier que vous, si vous voulez l’appeler, je vous laisse son numéro, peut-être qu’elle pourra vous donner quelques conseils…
Effet garanti. Un silence radio de 2 secondes, suivi d’un:
Evidemment, dans ce cas…
Et vraisemblablement d’un retrait quasi définitif des listes de prospection. Je sais, je passe sûrement à coté de la fortune et d’un gros paquet de sous, mais que voulez-vous c’est plus fort que moi.
Il va de soi que ma femme ne travaille absolument pas dans ce domaine, et que c’est un gros mensonge éhonté. Mais parfois, un gros mensonge vaut mieux qu’une perte de temps.
Note: cet article est le premier d’une série intitulés « … expliqué à mon boss », qui n’a pas de lien direct avec le livre, mais qu’il me semble amusant d’inscrire dans la série.
Note additionnelle: pour les fadas de l’optimisation fiscale, il y a un site très bien fait…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Excellent, merci de l’idée car toute tentative de s’en sortir « aimablement » ne fait que renforcer le rentre-dedans.