Avec ggwave, l’intelligence artificielle, c’est baud, c’est même très baud
La vidéo qui buzze depuis quelques heures, c’est celle de deux intelligences artificielles qui communiquent entre elles. Avouez que vous avez tous déjà essayé de mettre deux ChatGPT ou un ChatGPT et un Chat Mistral face à face pour voir ce que ça donne…
Et bien ici, nos deux IA conversationnelles ont subitement changé de langue, pour basculer dans un sabir incompréhensible par des locuteurs humains. Voici le résultat…
Shérif, fais-moi peur
Effrayant, non ? On se croirait dans un vieux Terminator, avec deux robots humanoïdes, capables de se comprendre sans intervention humaine, et qui de leur propre gré basculeraient dans un mode de communication justement fermé aux humains, afin de préparer un mauvais coup. Un peu comme deux terroristes qui discuteraient dans le métro, pour finaliser l’attentat qu’ils sont en train de mettre au point (ce qui n’arrive jamais, bien évidemment, il faudrait être doublement dingue pour expliquer à haute voix le mauvais coup qu’on prépare).
Bien évidemment, le côté sonore, avec ses relents de modem 56k des années 90 ajoute une note spécifique, qui conforte cette ambiance des films d’apocalypse cybernétique.
Glaçant, non ?
Ben finalement, non
En fait, pas si glaçant que cela. D’abord, replaçons les choses dans leur contexte. Cette vidéo est issue d’un hackaton organisé par ElevenLabs, une société qui justement conçoit des produits de synthèse vocale (text to speech). Le projet, qui se nomme GibebrLink, utilise une librairie Arduino appelée ggwave, qui permet d’échanger des données via des sons. Rien de nouveau, c’était déjà le principe du modem – et c’est pourquoi on se retrouve dans cette ambiance sonore.
Le modem, je vous le rappelle, c’est ce bidule qui permettait d’échanger des données entre ordinateurs dans les années 80 et 90, et qui a été supplanté par d’autres technologies, essentiellement pour des raisons de vitesse. Il est vrai, cependant, que si l’on encode de la voix sur un signal analogique, cela peut aller plus vite, notre capacité d’élocution n’étant pas d’une élasticité folle.
Mais revenons à notre sujet. Nos deux IAs apprenties terroristes ne font rien d’autre, ici, qu’utiliser une technologie largement dépassée, pour communiquer légèrement plus vite qu’en parlant dans le micro. Effet garanti, mais nocivité réduite. D’ailleurs, ces deux IA ont été mises en contact par un intermédiaire humain, et ne se sont pas connectées de leur plein gré.
Il y a un pas, que bien évidemment cette vidéo ne franchit pas, entre un tel projet, aussi récréatif soit-il, et deux IA qui décideraient, sans en faire part à leurs créateurs – j’allais écrire à leurs maîtres – de communiquer ensemble, dans une langue inconnue, conçue par elles-mêmes, avec un niveau d’encodage d’une puissance suffisante pour échanger le contenu de Wikipedia en quelques secondes, par exemple.
Bref, adressons un grand bravo à Anton Pidkuiko et Boris Starkov qui ont conçu ce projet.
L’apocalypse des LLM n’est pas encore pour demain.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec