L'insituteur, le curé et le pasteur
Cela pourrait être une mauvaise fable, mais non, il s’agit bien d’une déclaration présidentielle:
"Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance."
Nombreux sont les blogs de qualité qui ont repris et disséqué cette sortie vraiment stupéfiante, que l’on dit issue de la pensée d’Emmanuelle Mignon, la très droitière directrice de cabinet du président de la République.
J’en connais, parmi les nombreux enseignants qui ont "lâché la gauche" l’an dernier pour soutenir le candidat du magnifique discours de Nimes, qui ont dû se sentir eux-mêmes lâchés… A l’époque de Nimes, il s’agissait de rétablir les valeurs de la République, parmi lesquelles la distinction d’entre le "bien" et le "mal" n’est pas la plus négligeable. Il s’agissaitde défendre une certaine idée de la nation française, des valeurs et des idées que les enseignants et instituteurs de France sont les mieux placés pour transmettre, autrement dit accomplir ce fameux devoir de transmission si cher au président.
En une phrase, Nicolas Sarkozy a réalisé un bond de plusieurs mois en arrière. Un bond d’autant plus vexant que, parmi les français qui ont dû accepter les plus larges sacrifices, et particulièrement en termes de pouvoir d’achat, les enseignants et les instituteurs sont largement représentés. Car qui, de nos jours, envisage sérieusement de démarrer une carrière d’enseignant, dès lors que son parcours universitaire lui permet d’envisager une profession largement plus rémunératrice?
Décidément, notre cher président devrait apporter un peu plus de cohérence dans ses discours.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Toujours un honneur d’être modestement cité… J’ai relu avec une certaine émotion le billet que j’avais écrit à l’époque, car c’est vrai que le discours de Nimes était gaullien, et m’avait fait vibrer.
Je te rejoins totalement quand tu stygmatises les changements de cap et de discours. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce « bond en arrière » a légitimé la giffle… Mais la défense de la fonction « instituteur », « professeur », bref, « enseignant », cette image d’Epinal de cet homme en blouse blanche inspirant le respect, ne peut se faire en l’opposant ou en le comparant au curé, pourquoi pas au chef d’entreprise ou au joueur de foot. Chacun doit rester dans son role, dans sa fonction.
J’avais aimé Nimes, franchement. Je n’aime pas cette période politique où certaines valeurs républicaines sont totalement absente (as tu remarqué la fin du discours de Sarkozy dimanche soir : « vive l’Europe, vive la France ! », et la République mon bon Monsieur ?), et où va vers un modèle qui me fait un peu peur.
Pour autant, j’aime beaucoup ce site : je reviendrai.
Bonne continuation
Merci Hervé.
Défendre la laïcité n’est décidément plus à la mode ces temps ci. Ca me fait peur ce genre de remarques et a tendance à me rendre encore plus méfiante du fait religieux. Quand on voit le monde dans lequel on vit, avec d’une part le fanatisme islamique, d’autre part le fanatisme retrograde catho à l’américaine avec leurs prédicateurs à l’honneur, et enfin les fanatismes juifs en Israël.
Même en Turquie, ils ont renoncé à l’interdiction du voile à l’université!
brrrrrrrrrrrrr
Alors l’apologie du religieux …
Le discours de Nimes etait magnifique, et a, pour ma part, largement contribué à mon choix. Les dérives actuelles, malheureusement, sont bien loin du projet initial…
Hehe, voir un juif orthodoxe defendre la laicité, cela doit te décoiffer, non? Pour la peine, je t’invite à lire les ecrits d’un certain Y.Leibowicz.
« Le discours de Nimes etait magnifique, et a, pour ma part, largement contribué à mon choix » –> Tout pareil, rien à rajouter, sur ça et sur le reste
Bonne fin de journée