Liberté, égalité, fraternité 2017
A une dizaine de jours du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, on voit clairement le changement en train de s’opérer au sein de la société française. D’une logique quasi bipolaire, opposant gauche et droite – le fameux UMPS cher à Marine Le Pen – nous sommes entrés dans un monde tripolaire, avec trois blocs clairement distincts: un bloc de gauche, un bloc centre-droit, et un bloc d’extrême droite, dont les tailles respectives ne seront vraiment claires qu’à l’issue du premier tour.
En y pensant ce weekend, je me suis aperçu que chaque bloc se constituait non pas en fonction d’un projet, mais en fonction du rejet d’une des trois valeurs portées par la République Française. Le bloc centre-droit, par exemple, ne veut pas trop d’égalité: l’égalité des salaires, des traitements, des usages, ce n’est pas son univers. Le monde centre-droit est un monde de disparités acceptées, assumées, qui laisse chacun entreprendre et tirer profit de son activité. A chacun de se prendre en charge.
Le monde de la gauche, lui, ne veut pas trop de libertés; notamment de libertés individuelles. Elles s’opposent au bien commun. C’est paradoxal, quand on se souvient des slogans de 68, et du besoin de liberté qui s’ensuivit. Mais l’excès de liberté a conduit à un accroissement des inégalités, et aujourd’hui, ce qui pousse l’électeur de gauche, c’est bien un retour à l’égalité au dépend des libertés.
Le monde de l’extrême-droite, lui, ne veut pas de fraternité. Ou plutôt, n’accepte de fraternité qu’au sein d’un territoire bien défini, celui de la nation. Au-delà de ce territoire, l’espèce humaine n’a qu’à bien se tenir.
Liberté, égalité, fraternité: voilà ce qui risque bien de sauter à l’issue du premier tour. Le monde du centre-droit, c’est celui de Macron et de Fillon. Celui de la gauche, c’est celui de Mélenchon et de Hamon. Marine Le Pen occupe le dernier territoire. Les français qui hésitent encore auront probablement tendance à se rapprocher du ou des candidats qui rejettent les valeurs républicaines qui leur sont les moins chères…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Bien vu Hervé !
Cependant l’opposition Gauche vs Liberté est un peu outrée il est clair que la liberté totale c’est l’anarchie (il y a des anarchistes de droite).
Mélenchon l’a dit mieux que moi, notamment aux mardis de l’ESSEC, la liberté des uns s’arrête à celle des autres en société. Il s’inspire le la philo de Kant, la morale kantienne.
Amicalement
« En fonction d’un rejet plutôt que d’un projet », c’est révélateur, déjà en 17, d’un contexte où les antagonismes restent bien reconnaissables, alors qu’on peine à identifier, dans chaque fan-club, une volonté de partage, ou d’oeuvre collective.