L’humain ne disparaîtra pas !
Voici quelques notes prises durant l’atelier animé par Elsa Godart, Serge Soudoplatoff, lors de la convention APM 2017.
Introduction de Serge Soudoplatoff.
La maîtrise du feu a introduit un changement majeur: nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain au sommet de la chaîne alimentaire. Est-il appelé à disparaître? En temps qu’espèce, ce nest pas sûr, même si l’espèce humaine a tendance ces jours-ci à aimer jouer avec le feu nucléaire. Mais du côté des métiers, c’est à peu près sûr, certains vont disparaître: avocats, comptables, etc. L’intelligence artificielle va introduire des changements majeurs, non pas du côté de là où on réfléchit, mais là où on ne réfléchit pas.
En 2011 a eu lieu un changement majeur dans l’univers de l’intelligence artificielle. Auparavant, on faisait de l’IA en faisant du transfert d’expertise – c’est ce que j’ai fait dans les années 90, avec CIRCE chez Dassault Systèmes, grâce soit rendue à Patrick Caressa et Cedric Hutt.
Mais en 2011, des changements majeurs sont introduits: la combinaison de matériels puissants, de logiciels sophistiqués et de données de taille gigantesque.
– on crée de nouveaux types de réseaux de neurones – les « ConvNet »,
– on crée des GPU,
– et surtout, on commence à disposer de grandes bases données taggées.
Ce qui fait la qualité de l’intelligence artificielle, c’est la taille des données exploitables, et notamment des données taggées. L’IA permet de changer des choses de manière remarquable. Soudoplatoff rapporte l’exemple d’une société d’assurance américaine, capable de vous assurer en 30 secondes, et de vous rembourser en 3 minutes.
Si on regarde l’évolution de l’humanité, pourquoi se priver de systèmes capables de nous éviter les tâches répétitives et peu sophistiquées? C’est ce que permet l’IA.
Elsa Godart est moins optimiste.
Les logiciels sont tellement sophistiqués, qu’ils permettent de corriger des erreurs humaines: dans le transport, dans la santé, les bénéfices en sont évidents. Et pourtant, depuis quelques temps a surgi une peur, une angoisse: l’humanité est menacée. Nous nageons dans un univers qui intègre la technique mais s’en défie. La vitesse que permet la technologie modifie notre rapport au temps, et c’est anxiogène.
Qu’est ce qui fonde l’humanité en l’homme? Qu’est ce qui est intrinsèque à l’humanité? Les machines sont (note perso: pour l’instant) conçues et fabriquées par l’homme. Il y a quatre éléments, selon Elsa Godart:
– le sentiment de singularité (ou d’ipséité): chaque individu est unique dans ce qu’il est
– la question de l’amour: l’humanité, le lien à l’autre, les affects..
– la notion de libre-arbitre: qu’il soit illusoire ou réel, en avoir conscience est déjà déconcertant
– la question de la créativité
(note perso: il manque le sentiment de finitude)
En y ajoutant deux notions: le mystère et le hasard.
Comment imaginer qu’une machine puisse parvenir au sentiment de singularité? Et que dire de l’amour, et de son opposé? Quant au libre-arbitre, sa notion est liée à la notion de responsabilité. Else Godart sous-entend-elle qu’une machine ne soit pas capable de faire des choix responsables? Pour lutter contre l’angoisse face à la technologie, la proposition d’Elsa Godart, c’est de l’aborder par la poésie.
Le mythe du chatbot philosophe: le dialogue avec un tel chatbot, à quoi conduira-t-il?
Retour de Soudoplatoff.
La principale découverte de Pasteur, ce n’est pas le vaccin contre la rage, c’est la découverte de l’asymétrie, qui caractérise la vie. Ce qui ne vit pas est symétrique, mais la vie est asymétrique. La victoire de la technologie, ce serait la victoire de la symétrie. La victoire de Mars. Brrrrr.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec