L'Europe, mythe ou réalité?
Excellent papier hier soir dans Le Monde, le texte d’une conférence donnée par Eric Hobsbawm, intitulée: L’Europe, mythe, histoire, réalité. L’historien y rappelle quelques faits qu’on a souvent tendance à oblitérer lorsqu’on parle de "valeurs européennes", ou "d’identité européenne":
- Dans l’antiquité, l’Europe n’existait pratiquement pas: les Grecs ont étendu leur influence principalement sur l’est du pourtour méditerranéen, flirtant avec l’Asie du temps d’Alexandre. Quant à Rome, son empire était plus méditerranéen qu’européen. Rome avait en quelque sorte "peur" de l’Europe, et c’est la chute de Rome qui a pu – enfin – laisser place à une furure construction des états d’Europe.
- Le moyen-age s’est déroulé sans qu’aucune unité européenne quelconque puisse voir le jour, ni linguistique, ni économique, ni même religieuse.
- Des Lumières à la révolution industrielle, existaient quatre puis cinq puissances, aucune n’ayant été capable de construire une unité européenne. L’Europe fut plutôt le théâtre des rivalités entre ces cinq pruissances.
- Le XXe siècle a été, dans sa première moitié, le siècle des déchirements européens, et notamment durant les deux grands conflits. En terme de partage et d’identité commune, on a rarement fait pire…
Bref, l’idéal européen, qui a pu naître dans les écrits de certains auteurs de la première moitié du XXe siècle, notamment Zweig, n’a pu prendre forme qu’il y a tout juste une cinquantaine d’années. Certes, d’immenses progrès ont été réalisés depuis: unité monétaire, simplification des échanges et des frontières, parlement européen sont là pour en témoigner. Mais l’identité européenne en tant que tel est encore un leurre. On est français, grec ou allemand avant d’être européen.
Dès lors, vouloir laisser la Turquie à l’écart de l’Union Européenne revient à faire preuve d’un ostracisme particulièrement déconcertant, alors que tant d’autres régions, dont l’histoire ancienne ou récente n’a que peu à voir avec le noyau européen initial, y ont été récemment et rapidement intégrées. Après tout, Troie, dont l’histoire et les héros hantent les cours de nombreux élèves de notre pays, est bien située sur la rive orientale de l’Hellespont, en territoire turc…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
En regardant les nations actuelles, je me demande si leurs éléments constitutifs avaient quelque chose en commun au départ, en termes de culture.
Je soupçonne que ce qui compte plus que le point de départ, c’est la volonté de s’unir.
je ne suis pas sûr qu’il y ait une grosse volonté aujourd’hui.
Assez étrangement, d’ailleurs, ce qui favorise le rapprochement n’est pas ce qui devrait rapprocher, mais ce qui brutalise: une guerre par exemple, ou des ressources communes qui disparaissent. Si une grande banque européenne avait un trou d’air, elle ne pourrait être sauvée que par l’Europe, son pays n’étant pas assez riche pour elle. Ce sont les moments difficiles qui soudent les équipes (ou qui les fond crever).
L’huile et le vinaigre ne sont miscibles qu’en apparence, en fait il faut touiller sans arrêt : pour la Turquie et L’Europe c’est exactement la même chose ! Ce qui est évident doit le rester… cela évitera des erreurs inutiles par les temps qui court !!
Je vous suggere de relire le texte d’Hobsbawm. Peute etre changerez vous d’avis sur l’Europe…