Les illusions perdues
Le second tour des élections législatives a laissé un goût amer à plus d’un candidat. Chaque camp en a pour son lot de lamentations. À commencer par celui du président.
Pas de majorité à pour Macron
C’est probablement au sommet de l’état que la déception est la plu grande. Malgré la victoire historique pour un deuxième mandat, Emmanuel Macron a vu tout espoir de majorité absolue s’évanouir. Et ce n’était pas faute de prévenir son propre camp, dixit Le Canard enchaîné, depuis plusieurs jours. Ce n’est pas une déroute, car avec plus de 200 députés, le groupe de l’ancienne LREM est le plus important de l’Assemblée, mais il va falloir composer avec d’autres élus pour trouver un semblant de majorité. Difficile exercice. À force de jouer le en même temps, le parti présidentiel semble se retrouver plus ou moins fâché avec les autres partis. À moins que…
LR de rien
… à moins que le groupe des Républicains n’explose en plein vol. On avait vu les dissensions apparaître durant la débâcle de la présidentielle ratée, les clivages vont probablement se poursuivre, et le chef du parti aura du mal à retenir ses troupes, attirées par les promesses que le clan présidentiel ne tardera pas à faire à ses anciens adversaires. Sans parler du champ de sirènes du côté du Rassemblement National.
RN 89
C’est peut-être le parti qui peut le plus se vanter de son bon résultat. Alors qu’on s’attendait à un score minable, tant sa cheffe semblait démotivée ces dernières semaines, le voilà qui réalise le meilleur score de son histoire. Près d’un député sur 6 fait partie du RN, vous vous rendez compte de ce que cela signifie ? Cela signifie qu’au-delà ds pontes du parti, vont se retrouver, au Palais Bourbon, une bande de candidats fraîchement élus, qui va découvrir ce que c’est que d’être député. Et comme avec les pieds nickelés de LREM en 2017, il y aura des couacs, dont toujours le Canard se fera sûrement l’écho. Grosses rigolades à l’horizon.
L’autre motif de satisfaction, pour le RN, c’est la manne de la dotation dont il va disposer : près de 10 millions d’euros par an, sur 5 ans. Soit de quoi largement rembourser la dette contractée auprès, souvenez-vous en, d’un créancier russe, et financer sa prochaine présidentielle. Oh là, mais dites ! on a le droit de rembourser un emprunt à la Russie par les temps qui courent ? Il va falloir surveiller cela de près…
Plus étonnant, le RN a fait preuve d’une extraordinaire résilience, un peu comme il y a trente ans, quand Bruno Mégret avait tenté un putsch contre le patriarche Jean-Marie Le Pen. Le putsch s’est avéré un flop et Le Pen s’est retrouvé 5 ans plus tard au second tour de la présidentielle. Et bien là, le flop, il est du côté de Reconquête…
Z comme …
C’est le grand perdant de l’année 2022, lui. Ni président, ni même député, retour à l’employeur… Eric Zemmour se voyait déjà en grand remplaçant, et il se retrouve tout juste à la case départ. Éjecté dès le premier tour de la présidentielle, et même pas un élu sorti de son parti. Malgré la présence de quelques traitres à ses côtés, ancien FN passés à droite de la droite, comme Marion Maréchal Le Pen… Tout ça pour ça ?…
Et pire que ça, la doublette Zemmour Le Pen n’a pas pu empêcher LFI de réaliser le holdup du siècle.
Nupes, nupes
Oui, le holdup. Au nom de l’union de la gauche, la Nupes se retrouve premier groupe à l’Assemblée.
Enfin, aurait pu se retrouver.
Mais ne se retrouvera pas.
Ses alliés ont flairé le piège. À malin, malin et demi. Ok pour faire campagne commune, mais hors de question de laisser LFI rafler la mise. Et voilà donc notre Jean-Luc, à la tête de la coalition la plus étonnante, obligé de faire avec un groupe qui se retrouve en troisième position, derrière le parti présidentiel et le RN. C’est ballot.
Quant à devenir premier ministre … bien sûr, ce n’était pas envisageable, mais avouons que la démarche avait du panache. Et a su se montrer efficace.
Seule satisfaction : il a pu placer à l’assemblée une bande de kékés (au sens propre comme au sens figuré) à côté desquels les députés RN font figure de premiers de la classe.
Quand je vous dit qu’on va bien se marrer en lisant le Canard…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec