Le transport de marchandises entre la Chine et la France par le train
C’est une information qui est peut être passée inaperçue aux yeux du grand public, mais elle pourrait changer beaucoup de choses dans les années à venir: il est désormais possible de transporter des marchandises entre la Chine et la France par le train ! Oui, vous avez bien lu, il existe une liaison ferroviaire entre Dourges (dans les Hauts de France) et Wuhan (dans le centre est de la Chine).
La première entreprise à en avoir fait l’expérience, c’est Décathlon en novembre 2017. Mais d’autres entreprises ont emboîté le pas. Et les transferts se font dans les deux sens: nous importons des produits industriels, et la Chine – et même le Japon – peuvent désormais importer certains de nos produits, notamment dans le secteur agro-alimentaire. Pour parcourir les près de 11000 km qui séparent les deux villes en passant par une demi-douzaine de pays (Kazakhstan, Russie, Biélorussie, Pologne, Allemagne), il aura fallu 20 jours au premier convoi, mais ce délai d’acheminement pourra passer peu à peu à une dizaine de jours.
L’impact économique est énorme: réduction des émissions de CO2, délais de livraison divisés par 2 voire 3, plus grande souplesse. Mais surtout, renforcement des liens économiques: le développement du rail a été, depuis deux siècles, le vecteur principal du renforcement des liens économiques entre deux régions. Parce qu’il relie de manière fiable, stable, régulière deux régions éloignées. Parce qu’il permet de concrétiser, de manière bien plus visible qu’un trajet en mer, les échanges économiques entre deux pays. La conquête de l’Ouest américain, l’Orient express, le tunnel sous la Manche, ont radicalement transformé la structure économique des échanges entre les régions reliées, ainsi que celles traversées par le rail.
Alors oui, la nouvelle route de la soie – One Belt, One Road en anglais, ou mieux, 一带一路 en chinois – promet de changer beaucoup de choses.
Et demain, peut-être, cette ligne sera-t-elle doublée d’une ligne pour le transport de passagers. Qui sait, nos enfants iront-ils passer leurs vacances en Chine en prenant le TGV?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Pour le moment c’est un TPV.
Un TPV mais un TLD (train à longue distance) aussi…
Excellent article !
Mais Décathlon se plante quand il affirme que cela fait moins de CO2.
En allant sur http://www.ecotransit.org/calculation.fr.html et en remplissant le départ et l’arrivée via Google Maps, on trouve 33,64 tonnes d’équivalent CO2 par rail et 16,79 tonnes par mer (dont 5,42 par route pour rejoindre le port et 11,47 par mer). Il s’agit des chiffres de l’analyse de cycle de vie (Well-to-Wheel). L’analyse Tank-to-Wheel, qui ignore l’impact CO2 de la production du carburant, privilégie grandement le train (le calcul suppose que la traction ferroviaire est électrique, ce qui n’est certainement pas le cas sur la majorité de ce trajet).
Résutats sur https://we.tl/1aeUivpJKf
C’est probable. Reste à comparer les tonnes de CO2 / charge utile. Le tonnage d’un bateau doit rester supérieur à celui d’un train… et aux risques environnementaux dûs aux dégazages et autres amabilités…