Le prélèvement à la source aura bien lieu !
C’était la séquence suspense de ces derniers jours: maintenu ou jeté aux oubliettes, le prélèvement à la source ? Edouard Philippe est venu en personne clore le débat: oui, le P.A.S sera bien mis en place. Il faut dire qu’on aurait eu l’air un peu stupides, à l’échelle mondiale, en communiquant sur une réforme fiscale d’une aussi grande ampleur pour revenir en arrière trois mois avant la date de sa mise en oeuvre. Alors pourquoi un tel grabuge ?
Contrairement à ce que prétendent certains, les entreprises ont déjà l’habitude de prélever certains impôts à la source. Je rappelle à mes chers lecteurs qu’ils ne touchent pas la totalité de leur salaire brut, mais des mensualités amputées de prélèvements sociaux, dont la fameuse CSG, dont l’ordre de grandeur est équivalent à celui d’une mensualité d’impôt sur le revenu.
D’autres évoquaient le fait qu’en mettant en place le prélèvement à la source, les entreprises allaient être informées du niveau de vie de leurs salariés, ce qui allait à l’encontre d’une certaine préservation de la vie privée. Foutaise. Le prélèvement à la source ne concerne que l’impôt sur le revenu, et ne concerne pas les impôts prélevés sur le patrimoine comme feu l’ISF.
En réalité, cette réforme, lancée sous le quinquennat de François Hollande, va apporter un peu plus de simplicité dans e fonctionnement de nos foyers.: en dehors de tout ajustement lié à des revenus annexes ou des défiscalisations, chaque foyer verra entrer en fin de mois le montant exact dont il peut disposer, sans que ce dernier soit amputé d’un impôt basé sur les revenus de l’année précédente, ce qui a pu poser à certains des problèmes complexes en cas de perte d’emploi ou de départ à la retraite. Au demeurant, ce mode de prélèvement de l’impôt sur le revenu est déjà en place dans bon nombre de pays, il était temps que nous modernisions nous aussi notre système de prélèvement.
Le seul risque, en fait, était politique. En constatant le montant exact de leurs revenus, nos compatriotes risquent en effet de comprendre enfin le niveau réel de taxation que nous subissons, et ce faisant, témoigner de leur déception lors des élections suivantes. C’est le cas pour toute réforme de grande ampleur, et il faut reconnaître à ce gouvernement une forme de courage indéniable pour aller au bout de telles réformes, au risque de prendre une volée de bois vert aux prochaines élections (européennes, si je ne m’abuse).
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec