Le monde vu de Moscou
Plus grand pays au monde, la Russie couvre un territoire qui s’étend de l’Ouest de l’Europe aux confins de l’Asie. Une terre immense, bordée par des pays pas toujours commodes, comme la Corée, la Chine, l’Iran, l’Afghanistan, la Turquie ou la Pologne, et de multiples mers – Mer Baltique, Mer Caspienne, Mer d’Okhotsk, Mer Noire, Mer de Barents, Mer de Kara ou Mer des Laptev. Un pays au climat rigoureux, où la distance est synonyme à la fois de sécurité et de risque, comme l’avait si bien expliqué feu Laurent Chamontin.
Comprendre le point de vue de Moscou
Il n’est pas toujours facile de comprendre les motivations d’un tel pays, dans le jeu des politiques internationales. Les grilles d’analyses proposée par les médias français ou occidentaux, en général, cèdent à un biais hérité de la guerre froide. Ils oublient qu’en terme de puissance économique et politique, la Chine a déjà largement dépassé une Russie empêtrée dans ses conflits intérieurs et extérieurs, et un certain retard technologique somme toute assez étonnant (combien de porte-avions possède la Russie, à votre avis ? réponse dans le livre ou ici).
Le monde vu de Moscou permet de mieux appréhender le point de vue russe dans les relations internationales, son obstination apparente à prendre le parti des forces du mal face à un monde occidental arcbouté sur des principes à la fois politiques et économiques qui n’ont pas la même importance aux yeux du pouvoir russe. Sans prendre parti, en exposant les repères historiques, géographiques et les éléments de vocabulaire les plus appropriés.
Un livre, plusieurs lectures
Un tel livre ne se lit pas de manière linéaire, mais en papillonnant d’article en article, au gré de ses envies et de sa curiosité. Un index croisé suggère aux lecteurs la lecture de certains articles se rapportant à tel ou tel sujet d’intérêt. L’amateur de géographie pourra y passer en revue les repères stratégiques, et notamment les étendues d’eau citées préalablement, avec les enjeux militaires associés. L’amateur de figures historiques y retrouvera les grandes figures qui ont forgé l’identité russe et quel rôle elles jouent de manière implicite dans la politique du Kremlin. L’amateur d’actualités y (re)découvrira les origines de certains conflits (Syrie, Haut Karabakh, Ossétie du Sud, etc.). L’amateur de concepts y trouvera des explications sur des termes techniques, comme derjava, passionarité, Rimland. L’amateur de frissons romantiques et d’aventures étonnantes y retrouvera le destin d’oligarques parfois déchus, ou ayant payé de leur vie un affairisme inacceptable aux yeux du pouvoir (Berezovsky, Khodorkovski, Iakounine, Malofeev, Prigozhin)
Un important chapitre est consacré aux relations que la Russie entretient ou a entretenu, ces dernières années, avec certains états : Serbie, Lysrie, Libye, Suède, Royaume-Uni, etc. Il s’agit d’analyses neutres, claires et précises, sans qu’on ait l’impression que l’auteur donne son avis, comme c’est souvent le cas lorsqu’on lit de telles analyses sur les pages des grands quotidiens nationaux. Enseignant chercheur, Jean-Sylvestre Mongrenier livre avec Le monde vu de Moscou un important travail qui servira probablement de référence à de nombreux lecteurs dans les années à venir.
Où sont les cartes ?
Le seul regret qu’on peut exprimer, après avoir parcouru ce pavé, c’est le très faible nombre de cartes proposées. Seulement quatre, situées à la fin du livre, alors que pour un tel ouvrage, on aurait apprécié disposer d’une carte précise pour presque chaque article. Mais au vu de l’épaisseur non négligeable (plus de 650 pages) de ce livre, on se dit que d’autres exigences ont primé, et on se contentera de naviguer sur Google Maps en lisant les articles de cet atlas historique et géopolitique de la Russie.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Il me semble que les Américains et les Européens de l’ouest prennent très souvent aussi le parti du mal ! Exemple leur soutien au régime du Hitler turc Erdogan. On pourrait en citer d’autres. Comme l’avait déjà compris de gaulle, et c’est devenu particulièrement vrai depuis ce début de siècle, le véritable danger vient des États-unis voire de l’ensemble des pays anglo-saxons. Les nouveaux fascismes et totalitarismes viennent en grande partie d’outre-Atlantique voire d’outre-Manche. La Russophobie qui règne aujourd’hui dans l’espace public français est non seulement totalement anachronique (puisque la guerre froide terminée depuis longtemps) mais est en réalité le fait de dangereux individus cherchant à promouvoir le « modèle » de société américain ou anglais, c’est-à-dire l’un des pires au monde. Et le plus contagieux de ceux comptant parmi les pires au monde. En outre les Russes, à l’inverse des Américains, sont globalement un peuple francophile.