Le monde de la course tourne-t-il encore rond ?

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Courir, quel plaisir… surtout dans lignes droites, en pleine accélération. Les marathoniens du dimanche vous le diront tous, c’est assez ennuyeux de faire toujours le même parcours, voire de tourner des dizaines de fois autour de la piste. Je suis, à mon humble dimension, une des rares exceptions : j’aime faire des tours de Longchamp.

Mais il y a de plus en plus de signes qui montrent que le monde de la course ne tourne pas rond, et adopte des pratiques qui l’éloignent de la ligne droit. En voici deux exemples, tirés de l’actualité récente.

Tu cours, donc je suis

Le premier exemple concerne une activité assez surprenante : Strava Jockey. Strava, vous connaissez peut-être, j’en ai déjà parlé à d’autres occasions. Cette application comptabilise les trajets, en course ou en entraînement, des adeptes de la piste et de la route. Ce qu’il y a de bien avec Strava, c’est qu’on voit immédiatement qui, parmi ses amis ou contacts, progresse, ou se laisse aller. Quand on passe de 5mn30 à 5mn15 voire 5mn ou 4mn45 au kilomètre, on peut alors se permettre de frimer. En revanche, quand la performance décroit, on fait moins le malin.

Des petits malins, justement, ont eu une idée étonnante: courir à la place d’un autre. Imaginez un peu, vous avez un moment de mou, cela fait quatre semaines que vous courez moins vite. Que faire dans ce cas là ? Prendre des produits dopants ? non. S’entraîner plus ? difficile. Et bien heureusement, il y a les Strava jockeys. Pour la modique somme de quelques dizaines d’euros, de gracieux jeunes gens (ou jeunes filles) courent à votre place, au rythme que vous souhaitez. Ils vous transmettent ensuite le résultat de leurs efforts sous la forme d’un fichier que vous importez dans Strava. Et le tour est joué…

Plus vite, plus fort, plus cher

Le deuxième exemple concerne le tarif des courses du style marathon ou semi-marathon de Paris. Je me souviens que lors de mes premières courses, il fallait débourser de l’ordre de 30 ou 40 euros pour avoir le plaisir de se mêler à 20000 ou 30000 autres coureurs amateurs, en arborant le même t-shirt aux couleurs de la course, se substanter durant la course, et récupérer une médaille. Hélas, le succès de la pratique sportive a généré une inflation des tarifs d’inscription.

Il faut désormais payer … 170 euros pour participer au marathon de Paris. 170 euros pour une médaille, un t-shirt, trois rondelles d’orange, une banane et une bouteille d’eau, ça fait un peu cher. C’est pourquoi on voit apparaître une pratique tout aussi étonnante : des petits malins qui, pour ne pas payer, se glissent dans la course quelques centaines de mètres après le départ, et la quittent quelques centaines de mètres avant l’arrivée. Dans le même temps, le nombre de participants aux grandes courses n’a cessé de croître, profitant d’un marketing digital offensif. Est-ce bien raisonnable ?

Je n’ose imaginer la suite. Le succès aidant, après le marché primaire, on risque, comme pour les grands concerts, de voir apparaître un amrché secondaire, celui de la revente d’inscription aux grandes courses. Acheté à 170 euros, le droit de courir serait alors revendu 200 ou 300 euros, comme pour un concert de Coldplay ou de Madonna, ou un match du PSG.

Tout cela est-il le signe d’un marché sain ? Ou bien ne dirait-on pas, plutôt, que tout projet humain finit par vriller un jour ou l’autre ?

Vous avez quatre heures… (pour finir votre marathon).

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