Le miroir déformant de la propagande pro-palestinienne
Un de mes amis me confiait hier soir qu’il était frappé par l’absence de discours intelligent parmi les supporters de la cause palestinienne en France, depuis le 7 octobre. Entre les slogans du BDS, les prises de parole des députés LFI, les élucubrations de Rima Hassan, on dirait qu’ils se livrent tous à un concours de propos plus incohérents les uns que les autres, de comptabilités macabres qui font plus penser à un tirage du loto qu’à un véritable recensement des victimes, conduisant à une litanie de fake-news amplifiées par les réseaux sociaux.
Pour autant, je ne dirais pas que les propos du camp pro-palestinien manquent d’intelligence. Au contraire, il me semble qu’il existe une construction logique dans ce discours, une structure cachée, qui amplifie sa portée et lui permet de toucher avec autant de succès le public jeune, peu expérimenté ou mal informé. Cette structure, c’est une sorte de miroir déformant du discours antiraciste, consistant à en détourner les thèmes majeurs, et à en faire une arme contre les juifs et Israel.
Vous en voulez une illustration ? En voici quelques exemples.
Israel, état génocidaire, vraiment ?
L’histoire
Le terme génocide a été utilisé au 20e siècle pour qualifier les exterminations de masses pratiquées à l’encontre de quelques minorités. Près de un million d’Arméniens ont étés exterminés par les Turcs, 6 millions de juifs pendant la Shoah (plus de 40% de la population juive mondiale) et 800 000 Tutsis en quelques jours au Rwanda.
Le discours pro-palestinien
S’il est difficile d’identifier la source de l’allégation de génocide commis par Israel à Gaza, c’est l’Afrique du Sud qui franchit le pas en déposant une plainte devant la Cour de justice internationale. Celle-ci demande à Israel de prendre des mesures pour s’en prémunir, sans que ne soit exposée de réel génocide.
La réalité
Les pro-palestiniens, bien entendu, utilisent ici un terme tragique pour déformer la réalité. La réalité, c’est qu’Israel se livre à une guerre contre une organisation terroriste qui se cache dans des infrastructures souterraines, dont les entrées sont construites dans des établissements à usage civil (école, hôpitaux), faits dont Israel a apporté plusieurs preuves. Quant au nombre de Gazaouis victimes du conflit, il est certainement élevé, car il s’agit d’une guerre asymétrique. Pour autant, les chiffres diffusés par les médias sont ceux diffusés par le Hamas, qui sont toujours surévalués et restent abscons sur le nombre de combattants éliminés.
Quant à l’allégation de génocide commis depuis 1948, c’est un non sens parfait, la population de Gaza ayant été multipliée par 10 en l’espace de quelques décennies.
Israel dernier pays d’apartheid, vraiment ?
L’histoire
L’apartheid est un terme qui qualifie le régime discriminatoire qui avait lieu en Afrique du Sud durant la seconde moitié du siècle dernier, et qui ne prit fin que peu après la libération de Nelson Mandela en 1990. Durant l’apartheid, les sud-africains étaient découpés en quatre groupes ethniques, les blancs, les noirs, les métis et les asiatiques, aux droits et aux prérogatives distinctes. Les mariages entre blancs et membres d’un autre groupe sont interdits, certains territories étaient interdits à certains groupes, la ségrégation avait lieu dans tous les services publics, notamment les transports, les hôpitaux ou les écoles. Et les populations noires étaient enfermées dans des ghettos.
Le discours pro-palestinien
Pour les pro-palestiniens, Israel mènerait une politique d’apartheid à l’encontre des palestiniens, sans toutefois préciser s’il s’agit des arabes israéliens ou des habitants des territories occupés.
La réalité
La aussi, les pro-palestiniens déforment la réalité. Balayons déjà l’argument d’apartheid en Israel . Tout arabe israélien, quelle que soit sa religion (rappelons qu’il y a plusieurs groupes religieux chez les arabes israéliens : musulmans avec plusieurs obédiences, catholiques ou orthodoxes), dispose des mêmes droits qu’un israélien d’ascendance juive. Il existe des députés arabes israéliens, des enseignants, des médecins, des chauffeurs de taxis, des joueurs de foot, des acteurs et même des présentateurs à la télévision. Si cela s’appelle un apartheid, c’est qu’on n’a pas la même définition…
Quant aux territoires occupés, dont une partie relève de l’autorité palestinienne qui dispose de sa propre force de police depuis les accords d’Oslo (presque trente ans déjà). Seules les colonies israéliennes créées dans ces zones, durant les cinquante dernières années, sont sous contrôle et administration israéliens. L’armée israélienne peut certes intervenir partout en cas de risque pour la sécurité, mais ne gère pas ces territories au quotidien.
Enfin, rappelons à nos lecteurs qu’Israel a quitté Gaza depuis près de 20 ans (jusqu’à y retourner en octobre 2023) et ne pouvait donc pas y pratiquer d’apartheid…
Les soldats israéliens violeraient les femmes palestiniennes, vraiment ?
L’histoire
Durant la tragique journée du 7 octobre 2023, les terroristes du Hamas et du Djihad islamique qui ont pénétré en Israel sont tombés, apparemment de manière fortuite, sur un festival de musique organisé à quelques centaines de mètres de la frontière, festival auquel participaient de nombreuses jeunes filles. Plus de 300 personnes y ont été tuées. Certaines des victimes ont été violées avant d’être achevées puis brûlées.
Le discours pro-palestinien
Dans un premier temps, la communauté pro-palestinienne a commencé par nier les viols et les meurtres de femmes, alors qu’on disposait depuis le 7 octobre même non seulement de témoignages, mais de vidéos montrant les prisonnières emmenées de force, partiellement dénudées, et aux membres parfois disloqués comme cette jeune fille à l’arrière d’un pick-up Toyota.
Dans un second temps, en mars 2024, ce sont des accusations inversées qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux, notamment par l’intermédiaire de la chaîne Al-Jazira, qui prétendait que des femmes palestiniennes auraient été violées par des soldats israéliens.
La réalité
La réalité, c’est qu’il s’agit tout simplement d’un fake, d’un mensonge éhontée, que la chaîne Al-Jazira elle-même a finit par démentir.
Le sionisme serait une forme de colonialisme, vraiment ?
L’histoire
Le sionisme est un mouvement d’émancipation, né à la fin du 19e siècle en Europe, sous l’impulsion du congrès juif mondial et de personnalités comme Théodore Herzl, visant à résoudre le problème posé par l’antisémitisme dont souffrait les juifs principalement en Europe et en Russie, par l’établissement d’un pays où les juifs vivraient en paix et en toute sécurité. De part l’histoire du peuple juif et par son attachement à sa terre originelle, un tel pays ne pouvait être créé que sur la terre de Sion, alors sous administration turque, qui devint un mandat britannique en 1917. Le sionisme est donc à rapprocher de mouvements d’autodétermination des peuples, comme en a connu l’Europe au 19e siècle ou l’Afrique et l’Asie au 20e.
Le discours pro-palestinien
Pour les pro-palestiniens, les sionistes seraient venus coloniser un territoire « palestinien » pour créer Israel, qui ne serait donc que le fruit d’un impérialisme.
La réalité
Commençons par rappeler qu’il n’y eut jamais de Palestine indépendant, ce bout de terre ayant successivement été administré par les Juifs, les Romains, les Chrétiens d’orient, les Croisés, les Ottomans, et les Anglais. En 1947, l’ONU vota le partage de ce territoire en deux, l’un administré par les juifs, l’autre par la population autochtone non-juive, répartie de part et d’autre du Jourdain, dans des zones qu’on appelait alors la Cis-jordanie et la Trans-jordanie, devenue depuis la Jordanie. Le premier territoire, celui des juifs, devient Israel. Le second fut rattaché à la Trans-Jordanie et aucun mouvement d’autodétermination ne s’y fut exprimé, jusqu’à ce qu’Israel l’envahisse durant la guerre des Six jours, et ne finisse par l’occuper depuis, par une gourmandise dont elle paie encore le prix.
Israel n’est donc pas le fruit d’un colonialisme (colonie de quelle pays ?) ni d’un impérialisme (de quel empire parle-t-on ?) mais le simple résultat d’un mouvement d’auto-détermination, comme le fut l’Algérie (au terme d’un conflit), la Côte d’Ivoire ou le Pakistan.
Conclusion
On pourrait trouver d’autres exemples de déformation volontaire de la réalité par les chaînes de propagande qui, profitant du conflit en cours, ne font qu’envenimer les choses, de manière à empêcher de manière définitive toute possibilité de retour à la normale. En propageant ces fausses informations et un discours de haine, elles démolissent l’image d’Israel à l’étranger, et créent les conditions pour un retour durable de l’antisémitisme dans de nombreux pays.
Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde, disait Albert Camus. Il semblerait que dans le camp pro-palestinien, cela soit devenu, au contraire, un mot d’ordre.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Hervé, utilise le terme territoires disputés, et non occupés, (voir le Traité de San Remo
SDN…)
Shabath Shalom