Le marketing digital mène à tout, même au spam
Il y a de cela quelques jours, alors que je déjeunais avec Yann Gourvennec, la discussion s’est portée sur l’une des dérives du marketing digital: les emails de prospection qui nous arrivent presque quotidiennement, et qui semblent tous droits sortis d’une fabrique à spams. Ils ont le même look, la même structure, presque la même signature, jusqu’aux noms des émetteurs, qui se ressemblent. Ils vous arrivent par salve, un premier, puis un second quelques jours plus tard, et enfin un troisième avant d’abandonner. Cela s’apparente à du porte à porte digital, mais relève plutôt d’une forme plus élaborée de spam. Rien que pour le plaisir des yeux, en voici quelques uns.
Commençons donc par Julien Couderc, qui est lucide sur le fait que mon « temps est consacré au développement et à la gestion de ma structure ». Vous noterez le texte, très simple, qu’on dirait écrit par un élève de seconde, la signature très sobre, sans aucun lien social, pas même un peu travaillée, et le lien de désinscription subtilement écrit dans une police plus petite, mais quand même présent (on ne sait jamais, si un destinataire se plaignait à la CNIL).
Poursuivons avec Bruno Bourdmone, qui commence par prendre de mes nouvelles, c’est gentil. Il me rappelle un échange de 2017, dont je n’ai gardé aucun souvenir, et insiste pour prendre la température. Et toujours ce lien de désinscription.
Passons désormais à Laura Smith – car le spam moderne se décline à l’anglaise comme à la française. Laura Smith, donc, est perspicace: elle a compris que Be Angels était une agence digitale et social media. Bravo chère Laura. Elle me propose donc d’accéder à sa base de 32m de contacts B2B et 380m de contacts B2C. Mazette, ça en fait du monde. Sauf que ça ne m’intéresse pas du tout. Mais cela ne gêne pas la demoiselle, qui m’envoie sa deuxième salve quelques jours après.
On continue avec Megane Girard, qui prétend avoir discuté avec la personne de l’accueil – mais il n’y a pas d’accueil, chez Be Angels… Etonnante Megane, qui en a appris plein sur mon entreprise … sans jamais avoir parlé à personne.
Enfin, la palme revient sans doute à un growth hacker, Laurent Lemonnier, qui – chut – me propose de découvrir comment générer plein de contacts avec LinkedIn (mais lui, il m’écrit par LinkedIn).
A l’exception du dernier message, tous ces emails se ressemblent, dans leur insignifiance et leur inefficacité. J’en suis venu à croire qu’ils proviennent de la même plateforme, une plateforme de marketing automation, peut-être, sauf que je ne me suis jamais connecté à ces gens là…
On se dit qu’à force de tomber dans des dérives de type spam, le marketing digital risque de lasser pas mal de monde.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je n’en reçois pas des comme cela. Il est vrai que ma dernière petite entreprise a été liquidée en 2004 !
Une hypothèse complémentaire. Ces mails ne te sont pas envoyés. Ils sont envoyés aux clients de ceux qui les envoient.
Exemple. La personne qui dit avoir parlé à ton accueil. Si son patron ou client lit ce mail, il se dira qu’elle a bien travaillé. Alors qu’en fait, si elle a tenté quelque chose, elle a dû se casser le nez sur un répondeur.
Idem pour linkedin. Si c’est une plate-forme qui expédie les mails, elle se fiche de leur succès. Elle doit faire croire qu’elle est efficace pour être payée.
Ces systèmes sont faits de masses d’exécutants faméliques, avec à leur tête un vendeur exceptionnel. Mais, pour lui, il est plus rentable de vendre à ses clients, qu’aux clients de ceux-ci… Nous sommes tous des pigeons.