Le loup de Wall Street
Au cinéma, on a souvent vu des stars au sommet de leur art réaliser de brefs mais stratosphériques parcours, autour de la drogue et de l’argent facile, de Scarface (Al Pacino dans le rôle d’un caïd cubain) à Blow (Johnny Depp en un convoyeur ambitieux lié aux cartels colombiens). Cette fois, c’est en compagnie de Leonardo DiCaprio que l’on va effectuer ce bref trajet dans un monde qui nous est inconnu. Enfin, quand je dis bref, c’est un peu exagéré: Le loup de Wall Street dure 2h30…
L’histoire
Nous voici donc en compagnie de Jordan Belfort, petit courtier véreux, qui va faire fortune en faisant jouer en bourse des américains moyens sur des titres pourris, et en empochant ses commissions en cash par le biais de prêtes-noms. En plus d’être véreux, ce jeune homme, pourtant ambitieux et organisé, fait un usage maladif de stupéfiants et de filles de légère vertu, et en fait profiter ses amis, ses associés et tout son personnel. Au passage, il y sacrifiera son couple (par deux fois), une Lamborghini Countach et un yacht de 50m. Et ça dure 2h30… Bref, dit comme cela, le film ne présente pas trop d’intérêt.
Les acteurs
DiCaprio réalise une performance à la hauteur de son talent, rien à redire. C’est un excellent acteur, on le savait déjà, pas besoin de ces 150 minutes de baise et de défonce pour le savoir. Je préfère, de loin, le jeu de deux autres acteurs. Matthew McConaughey, qui ne fait qu’une courte apparition comme premier boss de Belfort, et donne la clef du film: les clients des courtiers ne sont là que pour fournir un flux ininterrompu de cash, tout est dans l’art de les plumer en commissions au passage. Et surtout Jonah Hill, immense associé tordu, artisan de sa perte. Pour ces deux-là, le film vaut le détour. Quant à Jean Dujardin, je ne comprends pas pourquoi il est aussi critiqué: il joue son rôle comme on le lui demande, comme une caricature grotesque de ce que peut être un banquier véreux.
Et Wall Street dans tout cela?
Si vous avez fréquenté quelques courtiers dans votre vie, vous avez sans doute pu déjà avoir une idée de la vie des gains réalisés quand on a ce type de métier: oui, l’argent a coulé à flot dès les années 80 pour ceux-là. Mais n’allez surtout pas croire que drogue et filles faciles sont les règles absolues de ce milieu. Vous vous trompez de cliché.
En réalité, ce film ne vous apprendra pas grand chose sur Wall Street. Tout au plus vous donne-t-il les clefs pour blanchir vos revenus financiers par des prêts-noms, ou pour les placer en Suisse à une certaine époque. Pour la peinture au vitriol mais bien plus véridique de la finance, préférez l’excellent, mais peu connu, Margin Call, bien plus technique et proche de la réalité.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Margin Call était en effet excellent pour la peinture psychologique des différents personnages, avec Jeremy Irons superbe dans son personnage inspiré de Dick Fuld. Dommage seulement que le sous-jacent financier soit incompréhensible pour le commun des mortels, non initié au lien entre la volatilité implicite et la Value At Risk.
A mon avis,Margin Call est beaucoup plus puissant que la débauche de ce Loup de Wall Street, qui n'égale d'ailleurs pas celui d'il y a 20 ans avec Michael Douglas.
En fait, il faudrait même projeter Margin Call dans toutes les écoles de commerce 🙂
Margin Call était en effet excellent pour la peinture psychologique des différents personnages, avec Jeremy Irons superbe dans son personnage inspiré de Dick Fuld. Dommage seulement que le sous-jacent financier soit incompréhensible pour le commun des mortels, non initié au lien entre la volatilité implicite et la Value At Risk.
A mon avis,Margin Call est beaucoup plus puissant que la débauche de ce Loup de Wall Street, qui n'égale d'ailleurs pas celui d'il y a 20 ans avec Michael Douglas.