Le Lac des cygnes

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Je n’ai jamais été un grand fan de danse, qu’il s’agisse de danse moderne ou de danse classique. Mais hier soir, en assistant à une représentation du Lac des cygnes à l’Opéra Bastille, je suis tombé sous le charme. Quelque chose de magique, de quasi mystique, se dégageait du ballet des danseuses en tutus blancs, près d’une trentaine sur la scène, qui enchaînaient des figures d’une grâce inimaginable. Et je me suis dit que dans ce monde de plus en plus obscène, la grâce de ces ballerines était une des rares lueurs d’espoir.

Une grâce divine

Si je n’avais jamais apprécié la danse, c’est peut-être parce que j’ai rarement eu l’occasion de voir un tel spectacle. Je me souviens avoir assisté à des spectacles des Amis du foyer, dans ma jeunesse, ou du Centre culturel de Boulogne, avec mes enfants. De la danse classique ou moderne, pratiquée par des amatrices. C’est sympathique, parfois amusant, très souvent laborieux. On félicite ces jeunes danseuses avec un sourire sous-entendu : persévère, ma fille, mais le chemin va être long. Et quand on observe attentivement la maîtrise des danseuses de l’Opéra, on se dit que oui, le chemin a dû être très long.

Hier soir, pas un geste de trop, pas un mouvement qui manquait de précision. Cela tenait, parfois, d’une rigueur presque militaire. Sauf que des alignements d’uniformes vert kaki, cela a beaucoup moins de charme que des alignements de tutus blancs, de bras élancés, de cygnes majestueux, alternant les figures les plus audacieuses, et les postures immobiles quasi scripturales…

Je suis tombé en extase, oui.

Des airs majestueux

Il faut dire que la musique s’y prêtait. Le Lac des cygnes fait partie des premiers morceaux que j’ai écoutés dans ma jeunesse. Cela remonte à l’année d’avant ma bar-mitzvah. On m’avait offert un magnétophone à cassettes, et je m’étais acheté deux cassettes. L’une contenait des morceaux des Beatles, interprétés par un groupe dont j’ai oublié le nom. L’autre contenait des extraits de trois oeuvres de Tchaikovsky : Le Lac des cygnes, Casse-noisettes, La Belle au bois dormant.

À cette époque, l’offre musicale était réduite, les radios libres n’étaient pas encore nées, et nous n’avions qu’un poste de radio familial sur lequel on pouvait écouter RTL ou Europe 1, sans parler de FIP. Le streaming n’existait même pas en rêve, mes parents ne possédaient que des disques de musique orientale, tant et si bien que j’ai dû écouter ces trois morceaux des dizaines et des dizaines de fois. Depuis, leurs airs sont restés gravés dans ma mémoire, et des larmes me coulent à chaque fois que je les écoute.

Alors oui, la combinaison réussie entre Tchaikovsky et la troupe de l’Opéra Bastille avait hier tout pour me séduire.

Et me réconcilier avec la danse.

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