Le facteur chance
Il ne faut jamais sous-estimer le facteur chance. Même dans les situations les plus tendues, un rien peut faire basculer le contexte à votre avantage. Encore faut-il pouvoir l’identifier et s’en saisir: question de patience, de capacité d’observation, de préparation.
C’est ce facteur chance qui me vient à l’esprit, quand je fais un bon trente années en arrière. Nous étions en 1984, je passais les concours d’entrée aux grandes écoles, dans des conditions finalement assez moyennes. Malgré une bonne math sup, je n’avais pas brillé en spé, avec des résultats corrects en maths, mais très médiocres en physique, matière où je n’ai jamais brillé, et surtout des angines et des migraines à répétition durant les derniers mois de classe jusqu’aux écrits, où je me présentais dopé, sous antibiotiques. Pour moi, une seconde année de math spé se profilait doucement. Et c’est sans grande conviction que je me présentais aux écrits du concours commun Mines-Pont tout d’abord, puis à ceux de l’X, de l’ENS et de l’ENS Saint-Cloud (désormais passée à Lyon).
Mais il ne faut jamais sous-estimer le facteur chance. Il se manifesta de plusieurs façons. Tout d’abord, par un centre d’examen situé près de la gare de l’est, à deux pas de là où habitait une des mes grands-mères: je pus ainsi bénéficier de repas chauds le midi, au calme, accompagné d’une présence réconfortante, ainsi que de mini siestes qui me permirent de repartir sur d’excellentes bases l’après-midi – Yaelle, si tu lis ces lignes, sache que je pense encore régulièrement à elle et à ces copieux repas qu’elle me préparait.
Ensuite, par des sujets que j’adorais en maths, me permettant d’obtenir d’excellentes notes à l’écrit. Un sujet en physique plus proche du programme de terminale que de celui de prépa. ET une composition sur Phèdre, oeuvre qu’ j’avais croisée à plusieurs reprises ces dernières années. Bref, cet écrit de l’X fut une partie de plaisir: je me retrouvais « hyper alpha », extrêmement bien classé à l’issue de l’écrit, et en bonne posture pour la suite. Les oraux furent moins prestigieux – il faut dire que le championnat d’Europe avait commencé la veille du premier oral, un matche France-Danemark dont je me souviens encore. Et après le 5-0 infligé à la Belgique (je crois), il ne me restait plus qu’un oral, celui de chimie, où j’obtins ma plus mauvaise note de l’année.
Peu importe, l’essentiel était fait. Quelques jours après, un vendredi si mes souvenirs sont bons, après avoir passé l’après-midi à suivre deux camarades golfeurs (Stéphane Perche et Arnaud Lucaussy) en compagnie de Philippe Kahn, lui aussi hyper-alpha, je me présentais à Palaiseau pour remplir une fiche où je me souviens avoir inscrit « football » comme sport souhaité.
Il ne faut jamais sous-estimer le facteur chance. Je réussissais brillamment en 3/2, plus jeune élève de ma promotion avec deux années d’avance, alors que la France remportait son premier championnat d’Europe (en particulier grâce à une boulette d’Arconada), entre deux éliminations en de mi-finale de coupe du monde.
Il ne faut jamais sous-estimer le facteur chance.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Meme si ca fait un peu voyeuriste, tu pourrais nous dire ton classement final et la prépa dans laquelle t’etais ^^ ?
Sans voyeurisme aucun: prepa à Louis le grand, classement d’entrée en milieu de tableau, de sortie plutôt vers le bas du tableau
Je partage tout à fait ton analyse (cf mon livre). J’ai touché le facteur chance de plus (car être à LLG c’est déjà de la chance) en trouvant la passion amoureuse qui m’a donné la pêche ! Mais en 5/2 et à 12 jours d’être surlimite !
Bonne fin de week end !
PU X65