Le canal de Panama victime du réchauffement ?
Parmi les actualités étranges que les médias nous égrènent au fil de l’année, il s’en trouve toujours quelques unes qui nous semblent étranges, et qui mériteraient surement un peu plus d’explications de la part des journalistes qui les annoncent à l’antenne. J’en veux pour preuve l’annonce hier que le canal de Panama tournait depuis quelques jours au ralenti à cause … du réchauffement climatique, et de la sécheresse qui sévit actuellement sur le pays.
Cela ne vous intrigue pas, vous aussi ? On est d’accord, non ? Un canal, que ce soit celui de Panama ou celui de suez, c’est fait pour relier deux étendues d’eau, deux océans, ou deux mers. Comment un canal peut-il souffrir d’un manque d’eau ? Après tout, pour passer d’un point d’eau à un autre en bateau, on n’a pas besoin qu’il pleuve : il suffit juste qu’on dispose du tirant d’eau nécessaire. Et en l’occurence, entre deux océans, cela ne devrait pas être si difficile.
Alors, info ou intox ?
Et bien les choses ne sont pas si simples que cela, et on ne s’improvise pas ingénieurs des ponts et chaussées en écoutant le journal sur France Info. Et le canal de Panam, aussi surprenant que cela puisse paraître, a bien besoin de pluie pour fonctionner. En effet, pour amener un navire à passer de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique, ou en sens inverse, le trajet long d’une vingtaine de kilomètres ne se déroule pas à une altitude uniforme. C’est d’ailleurs le coup de génie, semble-t-il, des ingénieurs français qui ont conçu le mécanisme – avant que l’affaire tourne mal et connaisse les conséquences néfastes qui ont marqué l’histoire économique de la France.
Bref, pour relier un bout à l’autre du canal, un navire doit monter du niveau de l’océan d’où il arrive, jusqu’au niveau d’un lac situé à un peu plus de 20 mètres d’altitude. Et pour cela, le canal utilise un système d’écluses qui font monter ou descendre les navires, comme dans un ascenseur, en déversant de l’eau du lac d’un côté de l’écluse, et en le reversant de l’autre.
Or qui dit lac dit alimentation par des cours d’eau, donc par des pluies.
Autrement dit, s’il ne pleut pas assez, le niveau du lac baisse. Et les écluses fonctionnent moins bien.
La question à laquelle qu’on peut se poser, et à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse, c’est pourquoi ce système d’écluses ? Après tout, si on avait creusé un canal reliant un océan à l’autre, les bateaux auraient juste eu besoin d’avancer en utilisant leur système de propulsion. Cela aurait peut-être été plus difficile pour les voiliers, mais pour les cargos et les tankers, cela aurait sûrement suffit…
Et si cet article ne vous semble pas assez clair, vous pouvez aussi regarder la vidéo suivante, qui explique le mécanisme plus en détail…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Le principe est le même que pour le canal du midi datant du 16eme siècle et imaginé et construit par Pierre Paul Riquet, avec une alimentation des 2 cotés et leurs écluses par un lac central, de Saint Féréol en l’occurrence, comme celui de Gatún pour Panama.