Langue de bois ou langue de biais ?
Je ne peux m’empêcher de partager le billet politique de Frédéric Says, diffusé hier aux Matins de France Culture. Le chroniqueur y aborde un curieux phénomène, dont nous sommes tous les témoins depuis quelques temps : l’utilisation de termes pour désigner non pas un concept, mais une version très édulcoré de ce concept, voire carrément son contraire. Frédéric Says parle, en l’occurence, de « langue de biais ».
Les exemples cités par le journaliste politique sont éloquents, comme ce confinement qu’on nous invite à passer dehors, ou le racisme de ceux qui s’opposent à l’organisation d’événements « racisés » (que ce terme est laid). Dans la bouche d’un Mélenchon, qu’on a connu plus avisé, même s’il a tendance à faire dans la provocation depuis quelques années, c’est encore plus délicieux. Et que dire de cette admirable République des deux rations de frites ?
Qu’est ce qui provoque de tels abus de langage ? Sont-ils élaborés de manière déterminée par ceux qui les utilisent ? Ou naissent-il dans l’emportement et l’exubérance des prises de parole publiques ? Ceux qui les expriment en sont-ils même conscients ?
Une chose est sure : ils contribuent à rendre ce monde encore moins compréhensible, et à embrouiller l’esprit des citoyens. Ils participent à cette confusion nauséabonde, dans laquelle nous nageons depuis quelques années, et de laquelle le ni droite ni gauche n’est pas complètement éloigné.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec