L’affiche noire

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Une des caractéristiques les plus étonnantes de l’antisémitisme, c’est sa capacité à s’adapter à son époque. LFI en a donné, la semaine passée, une étonnante démonstration, avec l’affiche de Cyril Hanouna, retirée suite au tollé qu’elle a suscité. Les antisémites de l’Antiquité n’avait pas à aller chercher loin pour justifier leur haine des juifs : le monothéisme ou l’introduction d’un jour de congé hebdomadaire. Les antisémites du Moyen-Âge accusaient les Juifs d’être un peuple déicide. L’Islam naissant les considérait comme un peuple ayant trahi le projet divin en fabriquant un veau d’or. Les antisémites de la fin du XIXe siècle et du début du XXe les ont caricaturé tantôt en supporters de la révolution, tantôt en banquiers avides exploitant les peuples qui les entouraient. LFI, quant à lui, se contente de développer un discours anti-juif déguisé en antisionisme à moustache. On ne s’en lasse pas. J’en suis arrivé à me demander quelle forme de discours les antisémites du XXIIe et XXIIIe siècle emploieront.

Il faut rendre à César ce qui est à César, et rendre à LFI ce qui lui appartient, en l’occurrence, une justification des plus douteuses dans le genre du « c’est pas moi, c’est lui ». L’affiche caricaturant Cyril Hanouna ne serait pas, selon le dire des dirigeants de LFI, le fruit du travail des graphistes du parti d’extrême-gauche, mais le résultat d’une requête sur une IA générative, Grok, l’IA de Twitter. Autrement dit, LFI veut faire d’une pierre deux coups et imputer à Elon Musk le fruit de sa grotesque caricature antisémite. Ben voyons, dirait le camarade Zemmour… On attend encore le prompt qui a pu générer une telle image.

Dans le concert des déclarations qui a suivi le retrait de l’affiche, on peut toutefois noter celle de Jean-Luc Mélenchon, la semaine passée, lors d’un discours au Théâtre de la Main d’Or, connu pour avoir hébergé les représentations d’une autre artiste expert en blagues nulles sur les juifs, l’ex-humoriste Dieudonné.

https://twitter.com/Hugues_Serraf/status/1902617739929264282

Une intervention étonnante, n’est-ce pas ? Je vous conseille de la regarder une première fois sans le son, juste pour apprécier la gestuelle, qu’on croirait tout droit sortie des discours proférés par les responsables nazis dans l’Allemagne des années 30. Puis repassez là avec le son, et écoutez bien les propos de Mélenchon, admirez les réactions de la salle, les plans panoramiques.

On est bien, là, entre antisémites de bon aloi. Tout est dans le sous-entendu, dans l’anecdote. « Ils ont à la maison la collection d’affiches d’extrême-droite. aue leur ont laissé leurs grands-parents… ». La force de ce discours, c’est – comme souvent dans les discours LFI – d’inverser la responsabilité. Cette affiche n’est pas antisémite à cause d’un graphiste employé par ce parti, mais à cause des juifs qui la qualifient comme telle.

C’est évidemment obscène. Mélenchon, et les principaux leaders du parti qu’il a créé, ne méritent que le mépris le plus total de la part de ceux qui croient encore dans les vertus de la démocratie. Et tous ceux qui les soutiendront, d’une manière ou d’une autre, lors des prochaines élections, mériteront d’être sanctionnés par un vote ferme et sans compromission.

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