La Présidente
Les amateurs de politique-fiction peuvent frissonner en lisant les deux premiers volumes de La Présidente, la bande dessinée conçue par François Durpaire et Farid Boudjellal. Son thème est simple: et si Marine Le Pen remportait les élections présidentielles de 2017? Publiée fin 2015, cette BD futuriste perd en réalisme, du fait de la victoire de Donald Trump et du renoncement de François Hollande, même si le Brexit avait été convenablement anticipé. Mais qu’à cela ne tienne, sa lecture vaut le détour pour plusieurs raisons.
Car le scénario vaut par le réalisme de certaines anticipations. Que ferait Marine Le Pen une fois au pouvoir? Comment réagirait la société française? Les auteurs abordent le sujet avec un certain réalisme, envisageant un gouvernement de cohabitation où une fraction d’élus LR rejoindrait l’aile la moins dure du parti d’extrême-droite. Les premières mesures, elles, montrent à quel point la loi sécurité présente de dangers, une fois qu’un parti extrême a pris le pouvoir.
Le second volume, qui se situe lors de l’élection de 2022, voit l’effritement de la popularité de présidente, conduisant à des magouilles électorales dont se serviront alors les membres les plus extrémistes de ce parti pour prendre le pouvoir. La Présidente ne sera dès lors plus la même…
Tout au long des presque cent pages de chaque volume, les auteurs disséminent quelques rappels historiques, sur le parti lui-même, ou sur les événements qui ont émaillé la vie politique ces dernières décennies. C’est clair et précis, et cela vient bien à propos pour éclairer le regard des lecteurs les plus jeunes, qui n’ont pas connu le gaullisme ou les événements de Nouvelle-Calédonie de 1988. Seul bémol, l’intrigue autour de la mamie et de ses petits-enfants, censée montrer l’évolution des mentalités au sein d’une même famille, présente très peu d’intérêt.
Bref, à 20€ le volume, La Présidente trouvera sa place dans la bibliothèque de tout lecteur un tant soit peu épris de politique.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Il y a une technique pour étudier un avenir incertain que j’ai pas mal utilisée, et qui vient de Shell… Il s’agit de se demander quels scénarios sont vraisemblables. (Et, pour chaque scénario, ce qu’il faut faire.)
Il y a le scénario Trump. Mais M.Trump est relativement pragmatique. Il respecte la force, semble-t-il.
Il y a aussi la solution pas pragmatique. H.Arendt dit que le totalitarisme, c’est croire que ce qui est impossible est possible. Une fois ce principe posé, elle décrit ce qui se passe. (Et que l’on observe, d’ailleurs, dans certaines entreprises.)