La liste de Schindler
Sorti il y a près de 30 ans, la liste de Schindler n’a pas pris une ride. Je ne l’avais pas revu depuis sa sortie, et c’est avec un peu d’appréhension que je l’ai revu en famille, une initiative un peu spéciale à l’occasion du jeûne du 9 Av. Mais rien à craindre, le génie de Steven Spielberg. fait de ce film une oeuvre intemporelle.
L’histoire est connue. Oskar Schindler, industriel allemand alors dans sa trentaine, tira avantage de la guerre pour s’enrichir sur le dos de l’armée allemande. Ce faisant, il sauva plus d’un millier de juifs de Cracovie, auxquels il fit appel pour fabriquer toutes sortes d’ustensiles pour les forces allemandes. D’une durée de trois heures environ, ce film retrace non seulement le parcours de ce Juste parmi les nations, mais offre une reproduction cinématographique du destin des juifs de Cracovie, du ghetto jusqu’à l’extermination.
Je me souviens de la controverse qui fit rage à sa sortie, sur l’intérêt de transposer la Shoah au cinéma. Shoah était sorti quelques années plus tôt, et l’on considérait alors qu’il n’y avait pas besoin d’en dire plus, après avoir pu voir le film de Claude Lanzmann. Je me souviens aussi de scènes qui avaient choqué, notamment celle de la douche, où l’on se demande pourquoi Spielberg joue avec les nerfs du public dans une mise en scène indécente.
Avec le temps, je crois que l’utilité de ce film s’est peu à peu imposée. Bien sûr, trois heures au cinéma ne remplaceront jamais la lecture des témoignages des rescapés des camps, ou le visionnage des multiples documentaires consacrés à ce sujet.
Mais avec Le pianiste et quelques autres films, le chef d’oeuvre de Spielberg (classé dans le top 10 de l’American Film Institute) offre désormais une sorte de parcours initiatique, à destination de jeunes générations encore peu sensibilisées sur ce sujet.
Au-delà de sa fonction utilitaire, La liste de Schindler reste un film comme seul Spielberg sait les réaliser. À l’issue de sa projection hier, le débat familial portait non seulement sur la Shoah, mais aussi sur ce qui fait la différence entre Spielberg, et d’autres grands réalisateurs, comme Tarantino ou Nolan. Pour moi, c’est sa capacité à aborder tous les sujets, tous les terrains, avec un sens du détail et une qualité qui touchent à la perfection. Les films de Tarantino sont bons, mais ils se ressemblent tous peu ou prou : de la violence, des dialogues ciselés, et on sait qui est derrière la caméra. Idem pour Nolan, une bonne prise de tête, et on sait d’où ça sort.
Et bin avec Spielberg, on sait qui est aux commandes non pas parce que tous ses films se ressemblent, mais parce que ses films sont variés mais partagent une chose : un rare niveau d’exigence et de qualité.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec