La fin de l’ETA
Cela faisait longtemps qu’on n’avait plus parlé d’ETA. Au point que pour les plus jeunes, sans doute, ces trois lettres ne signifient plus rien. Pourtant, ETA (initiales de l’expression basque Euskadi ta Askatasuna) a été l’une des organisations indépendantistes les plus virulentes de la fin du siècle dernier. Mais l’histoire a eu raison des supporters de la lutte armée, au profit, sans doute, des tenants d’une approche plus politique. Et c’est tant mieux.
ETA appartient à cette génération de mouvement terroristes adeptes du trigramme, comme l’IRA, les FAR ou l’OLP; une mode disparue, depuis que les mouvements terroristes s’internationalisent. En un peu plus de cinquante ans, ses membres les plus virulents ont commis des dizaines d’attentats ou d’enlèvements, en France et en Espagne, le plus souvent dirigés contre des représentants de l’état: policiers, militaires, ministres ou anciens ministres. Avec quelques dizaines d’années de recul, ce mode opératoire peut paraître désuet, face aux vagues d’attentats actuels, faisant plusieurs dizaines de morts dans des gares ou des salles de spectacles. Par comparaison avec Daesh ou Al Qaida, ETA ferait presque office d’enfant de choeur.
Il faut dire que les revendications de mouvements comme ETA ou l’IRA sont devenues dérisoires: ces mouvements séparatistes sont les victimes collatérales de la mondialisation et de l’ouverture européenne. Revendiquer l’indépendance d’une région dans un état aux limites bien tangibles, cela peut se comprendre, mais que signifie le pays Basque dans l’espace de Schengen? Quel appui de tels mouvements peuvent-ils espérer au sein des populations concernées, quand le principal rêve d’un jeune adulte, de nos jours, est de posséder un iPhone ou de partir faire le tour du monde? Dans son livre un peu creux intitulé La Terre est plate, Thomas Friedman aurait pu inclure la dissolution des mouvements terroristes régionaux au profit des organisations à visée internationale.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
IL y avait tout de même des différences entre ces mouvements.
Elles venaient du sentiment plus ou moins artificiel d’appartenance à un peuple.
L’ETA, les Corses et les Bretons, étaient des réinventions d’une nation mythique, comme peut-être les Catalans aujourd’hui, par des minorités de jeunes intellos. Leur motivation était peut-être un besoin d’aventure. Idem, dans un autre domaine, pour les Brigades rouges. Esprit 68 porté à ses extrêmes ?
L’OLP et l’IRA correspondaient à de réelles revendications nationalistes, et, surtout, à un sentiment d’injustice ressenti par toute une communauté. Ils sont du côté de Nelson Mandela, qui est désormais admiré universellement.
Car si ces mouvements sont devenus pacifiques, ils n’ont pas tous échoué. Notamment, les nationalistes corses sont à la tête de leur ile…
Malgré les critiques justifiées sur l’ETA après la démocratisation post franquiste,
je me souviens de ce 20 décembre 1973 sans laquelle, peut-être cette démocratisation eût pris plus de temps !
Voir :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Luis_Carrero_Blanco#Assassinat_par_ETA