La dernière séance
Après seize années de bons et loyaux service à l’EPF, j’ai décidé de tirer ma révérence. Hier matin, eut donc lieu ce qui devrait être ma dernière prestation à l’EPF, la soutenance du projet SRI. Trois groupes se sont affrontés à la loyale, chacun une heure durant : iA3OS, les Anarchitectes, EVA.
Pourquoi une telle décision? Disons qu’après avor enseigné durant seize années la même matière, les "Interfaces Graphiques" (cours parfois intitulé "IHM"), dans l’option Systèmes et Réseaux Informatiques (SRI) de l’EPF, une certaine monotonie s’était installé, à la fois dans mon cours et dans ma manière de l’administrer. L’envie de creuser les sujets s’évanouissait peu à peu. Et la lassitude devant les sempiternels mêmes erreurs, rencontrées durant les TP, a eu raison de mon enthousiasme. Désormais, il est temps de passer la main, et de permettre à de jeunes enseignants plus motivés, et surement plus doués, d’enseigner cette matière à laquelle j’ai consacré mon enseignement.
Que retiendrai-je de ces seize années? Surement beaucoup de choses. J’ai eu le loisir d’assister à une profonde mutation de ce qui fut, jadis, l’Ecole Polytechnique Feminine. Une transformation, qui vit l’ouverture de l’ecole aux garcons vers le milieu des années 90, et une reduction de facto du nombre d’ingenieurs filles. Alors membre du conseil de surveillance de l’EPF (ou de quelque chose qui s’appelait a peu pres comme cela), j’avoue n’avoir pas été enthousiasmé par cette réforme, faisant le parallele entre cette mesure, et la fermeture de l’Ecole Normale de Sevres, qui entraina la reduction du nombre de Normailenne.
Et puis, j’en ai vu, des élèves, et pas que des bons… Certes, j’ai oublié les noms et les visages de la quasi-majorité d’entre eux (et d’entre elles, sauf un ou deux dont je garde les noms 😉 ). Des promotions variant de 20 à 30 élèves, que je suivais durant une dizaine de séance de trois heures tout au plus en six mois, cela fait entre 300 et 400 noms et visages à retenir: impossible pour moi, qui suit un pietre physionnomiste. Mais il y a certains eleves que je n’oublierai jamais.
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Merci Professeur !
Grâce à tes cours dynamiques et concrets, j’ai pu décrouvrir puis prendre conscience de l’importance de l’IHM d’un système d’information.
Ton expérience et tes conseils me permettent aujourd’hui d’évaluer une solution non pas seulement en analysant le fond, mais également en décortiquant la forme.
En effet, outre le fait que ces cours furent oriéntés systèmes d’informations, ils sont applicables dans la vie de tous les jours dans des domaines variés (présentation PowerPoint, simples outils Excel …). Je m’attache donc à rendre à la fois « sexy » et facilement accessible tous outils, présentations, documents… sans oublier une part importante de communication et de gestion du changement en implicant l’ensemble des acteurs.
Je concluerai donc en disant encore une fois « merci Professeur ! »
En lisant ton commentaire, j’ai cru qu’il s’agissait des conseils que je t’ai donnés sur le terrain … 😉 Merci pour ces eloges, amplement immérités. J’attends toujours de voir la premiere startup créé par un ou une ancienne eleve réussir son IPO….
Un monde à part les écoles d’ingénieurs !
Mais je pense que les sujets tordus que tu décris ne sont pas une mauvaise chose. Pour un ingénieur, ce n’est pas la technicité de la solution qui compte, mais bien de trouver une solution à une (ou plusieurs) problématiques particulières. Les cas d’écoles, merci, mais pas besoi nd’avoir un bac+5 pour les traiter, si ?
Je ne suis qu’en parti d’accord avec toi.
Il est vrai que le métier d’ingénieur est de trouver une solution à une problématique donnée. Cependant, sans avoir un bagage technique, comment un ingénieur peut il s’assurer, d’une part que toutes les solutions ont été envisagées et que, d’autre part la solution retenue tend vers l’optimal ?
Ce sont également le traitement de nombreux « cas d’école », calqués sur la vie de tous les jours, qui permettent à une personne non seulement de traiter plus rapidement une problématique mais également de pouvoir s’appuyer sur des cas concrets équivalents pour étayer sa solution.
N’es tu pas d’accord ?
Le tout est affaire de progression. On ne demande pas a un nouveau ne de resoudre une equation differentielle. Avant de poser des sujets tordus a des epfs, on doit s’assurer que ceux-ci et celles-ci sont capables de developper corrcetement.
Or ces jeunes futurs ingenieurs decouvrent le C++ au mois de mai, et on leur demande dans le meme temps de resoudre des problemes que certains de leurs profs seraient infoutus d’aborder correctement.
Je persiste donc dans mon analyse: les fondements et les bases d’abord, les cas tordus ensuite – par exemple en 3e cycle…
Si, je suis d’accord, mais …
Bien sûr ils faut des bases techniques (sinon, de toute façon, on ne peut pas ne serait-ce qu’imaginer une solution (même mauvaise) à un problème tordu) mais s’en contenter est bien dangereux, je trouve.
En temps que SRI promo 2006 (et oui, c’est jeune tout ça !) je me permets de donner mon humble avis sur la question : j’avoue être mitigé.
Pour parler de mon expérience et de mon ressenti, j’avoue qu’il me manque du bagage technique à la sortie de l’option. Certains s’en passent très bien, de mon coté j’aurai voulu peut être approfondir certaines matières qui me semblent indispensables en arrivée dans la vie active (6 mois de stage + 6 mois d’expérience professionnel pour en témoigner).
Sur le sujet des projets, je pense qu’effectivement les sujets ne sont pas communs et c’est peut être la force de l’option : se démarquer des projets classiques et sans valeur ajoutés, être confronté à de réelles problématiques techniques ce qui au final permet d’arriver sur le marché du travail avec une réelle valeur ajouté. Les sujets sont certes complexes mais non insurmontables avec toute l’aide que nous apporte les professeurs. Je pense que nous devons beaucoup à Mr Mouttou car même si j’exprime mon regret sur certains aspects techniques (qui se comblent d’ailleur rapidement), je pense que nous avons suivi une excellente formation. Les fondements d’abord je suis pour certes, mais dans une école, qui a mon avis, n’offre pas grand place à l’informatique (rien de bien choquant sur le principe étant donné le caractère généraliste de l’école), l’option n’a malheureusement pas trop le choix. Je pense que proposer des sujets biens moins complexes (et bien moins motivant du coup) ne nous permettrai pas de nous placer en concurrence face a des école bien plus spécialisées.
Je ne pene pas que le bagage technique (le vernis technique?) manquant aurait pu etre assimilé durant les huit mois que dure en réalité cette oprion. Vois-tu, les ecoles specialisées dedient bien plus de temps a l’acuquisition de ce bagage technique. Vous, les SRI, passez moins d’un an sur ce sujet. Vouloir, en plus de ce gavage, vous faire travailler sur des sujets aussi tordus qu’abscons, c’est en demander trop a certains et certaines d’entre vous.
J’insiste. Ce n’etait pas la coloration du projet tel qu’il se deroulait entre 1995 et 2000. A cette epoque, les sujets etaient difficiles techniquement, mais suffisamment explicites pour que les groupes ne pataugent pas trois mois a se demander qu’est ce qu’on leur demande de realiser