La déliquescence de la classe politique française

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Mais quel mal touche donc la classe politique française? Affaire Woerth-Bettencourt, affaire Cahuzac, affaire Tapie-Lagarde, et maintenant une affaire Guéant. Mais n’en sortirons-nous donc jamais?


La défense adoptée par celui qui incarnait pourtant la rigueur froide des hauts fonctionnaires a de quoi surprendre, en ouvrant au grand public ce qu’apparemment seule la classe politique savait: la distribution d’enveloppes, les « primes de cabinet », à des fonctionnaires sélectionnés. Des compléments de salaire en liquide, donc nullement déclarés au fisc. Autrement dit, au sommet de l’état, on disposait d’un système de rémunération occulte, à l’insu – ou non? – du ministère des finances. Et on ose encore se moquer de la Grèce?

Le financement des partis politiques gangrène la vie politique française depuis des dizaines d’années: souvenez-vous des emplois fictifs de la mairie de Paris, de l’affaire Urba, des fausses factures de Nancy. Rien n’y fait, les sales histoires d’argent reviennent sans cesse. Les différentes lois passées jusqu’à présent n’ont rien changé à l’affaire: fermez la porte, les courants d’airs entrent par la fenêtre.

Le grand déballage des patrimoines des élus ne changera rien lui non plus, soyez-en sûr. Comment peut-on croire qu’un élu, qui souvent cumule les mandats depuis plus de dix ou vingt ans, ne déclare un patrimoine de quelques centaines de milliers d’euros, alors que la plupart de ses dépenses « professionnelles » sont pris en charge par l’état? Et si c’était vraiment le cas, confieriez-vous le patrimoine national à quelqu’un de si dispendieux?

Le mal français, ce n’est pas la fiscalité excessive (l’argent ne sert à la croissance que s’il circule), ni le nombre trop important de fonctionnaires bien souvent mal payés (comme les profs): le mal français, c’est cette capacité à prendre nos concitoyens pour des imbéciles, à leur tenir un discours lénifiant quand nombre d’élus se gavent à côté. De Gaulle disait que les français étaient des veaux: on a l’impression, en écoutant Claude Guéant, que la classe politique prend les français pour des cons.

Contrairement à ce qui pensent voir dans notre époque un reflet des années 30, c’est plutôt à 89 que me fait penser notre société. Non pas 1989 et les célébrations du centenaire, non pas 1889 et l »euphorie de l’exposition universelle, mais 1789 et le souffle de la révolte qui gronde au sein d’une société qui ne supporte plus cette accumulation de privilèges inadmissibles.

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