La crise financière pour les nuls
Hier soir, durant le dîner, pris au K85 en très charmante compagnie, j’ai essayé de comprendre la dernière crise financière, grâce aux explications de mon interlocutrice, financière de haut rang, qui a bien voulu utiliser un vocabulaire de béotien pour moi, piètre économiste mais néanmoins lecteur assidu de La Tribune et du FT. En voici les grandes lignes, mes amis lecteurs se chargeront de corriger les quelques erreurs d’appréciation éventuelles:
- Depuis quelques années, des crédits dits « subprime » sont accordés, aux Etats-Unis, aux ménages ayant des revenus modestes. Ces crédits ont deux particularités: la première, ce sont des crédits sur de longues périodes (typiquement 30 ans), avec un discount sur les deux premières années qui les rend particulièrement attractif. La seconde, c’est que le prêt est garanti sur le bien immobilier lui-même. C’est donc un crédit risqué à la fois pour l’emprunteur et pour la banque.
- Deux phénomènes se sont conjugués: d’une part l’effondrement du niveau de vie des emprunteurs de credits « subprime » – ie. un accroissement du niveau de pauvreté aux US, merci GWB – et de l’autre, l’explosion du marché immobilier et de l’offre (on estime à 2 millions le nombre de logements en trop…). Résultat: les banques se sont retrouvées avec des milliers d’emprunteurs incapables de rembourser leur crédit, et ont récupéré un bien garanti à une valeur en-deça de celle à partir de laquelle le crédit était rentable pour elles.
- Cette crise des organismes de crédit américains a contaminé le secteur des grandes banques non seulement américaines, mais aussi européennes et asiatiques, du fait d’un mécanisme très connu des économistes et des financiers, appelé titrisation. En gros, cela revient à émettre des titres sur tout et n’importe quoi – en l’occurence, ici, la dette des emprunteurs. Les banques ont acheté la dette des organismes de crédit, et se retrouvent le bec dans l’eau.
- De ce fait, ces banques ont été déclassées dans les systèmes de notation qui permettent aux différents organismes de se prêter entre eux. Du coup, certains organismes ne disposent plus des liquidités nécessaires à leur bon fonctionnement, et c’est la raison pour laquelle la BCE et la Reserve Fédérale américaine ont injecté un niveau très élevé de liquidités.
Le lecteur attentif notera donc:
- Que cette fois, la crise est aprtie d’une banqueroute des classes les plus pauvres des Etats-Unis, et non de l’explosion d’une bulle spéculative comme en 2000
- Que cette crise ne reflète pas un mauvais état de l’économie mondial, mais plutôt l’investissement hasardeux d’un pan sain de l’économie dans un secteur éminément risqué
- Que de ce fait, l’effondrement des titres de sociétés non impactées par cette crise (ex: secteur high tech, industrie, etc.) n’a aucune raison d’être (mais au contraire, certaines valeurs peuvent désormais devenir attractives)
- Qu’en revanche, du fait de la frilosité actuelle des banques, les taux des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises risquent de devenir trop élevés pour celles-ci, et que de là se pose un véritable risque pour certains secteurs économiques, très dépendant des banques.
Enfin, pour ceux et celles qui souhaiteraient des explications plus techniques ou plus précises, voici quelques liens utiles:
- Un autre article explicatif assez bien fait
- L’analyse de Marc Touati sur le site ACDE
- L’analyse de Jacques Attali, sur son blog, ici et là
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Pas mal, pas mal, quelques corrections cependant:
– La hausse des taux aux US a touché de plein fouet cette catégorie d’emprunteurs, entrainant l’explosion des défauts de crédit
– Les banques n’ont pas été « déclassées », mais une grande défiance s’est emparée de tout le systeme bancaire, ce qui est déjà un probleme en soi, faisant disparaitre tout accès à la liquidité. De plus, d’importants fonds détenaient cette classe d’actifs sous différentes formes (ABS, RMBS, CDO), dont la valeur a chuté.