La chute de la maison FTX
Je n’ai jamais aimé les jeux d’argent. les casinos, les machines à sous, même le loto, je m’en méfie comme de la peste. Et si jamais je suis amené à parier, ce n’est que sur de petites sommes, qui ne produiraient que des gains epsilonesques. Pour les mêmes raisons, je suis resté éloigné du bitcoin et de toutes les crypto-monnaies.
Certains de mes amis ou de mes proches se moquent de mon comportement, de ma frilosité. Ils disent que je n’ai rien compris. Que je ne sais pas saisir les opportunités quand elles se présentent. Il faut dire que j’ai croisé le chemin d’un fana du bitcoin vers 2012, et que si j’avais investi ne serait-ce que le epsilon dont il a été question précédemment, j’aurais pu réaliser un joli gain. Mais je ne l’ai pas fait, et j’en suis bien content.
Je suis risk averse, comme ils disent.
Alors c’est avec une certaine compassion, mais aussi un petit sourire moqueur, que je vois, de loin, tomber FTX et tout le marché de la crypto. Je n’irais pas jusqu’à proclamer un « je vous l’avais bien dit » magistral, mais je n’en suis pas loin. Il y a une telle opacité, derrière ces supports, que je ne leur fais aucune confiance. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », et comme je n’ai jamais vu de description claire et convaincante de l’intérêt et de la non-dangerosité des crypto-monnaies, j’en ai déduit un vice de conception inhérent à ces monnaies virtuelles.
Et le vice de conception, en l’occurrence, c’est l’absence de régulation. FTX en est le meilleur exemple.
Comment a-t-on pu, entre 2019 et 2022, laisser une plateforme de trading jouer avec les positions de ses investisseurs ? Ce type d’activité est déjà prohibé depuis plusieurs années dans l’univers des établissements financiers. Le fait de jouer sur des monnaies virtuelles ne devrait les aucunement les exempter de ces mêmes règles. Et pourtant on a laissé faire; Pire, on a vanté haut et fort les mérites de son boss, qui appelait officiellement à plus de régulation, tout en faisant le contraire.
Il faut se méfier des astres trop lumineux. Leur explosion est d’une intensité tout aussi forte. Et les dégâts qu’ils occasionnent sont à la mesure de la fascination qu’ils ont exercé du temps de leur splendeur.
PS : j’invite le lecteur curieux à relire un petit livre intitulé Si l’argent m’était conté, dont j’avais fait la recension il y a une dizaine d’années.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec