La bérézina du Stade de France
Que s’est-il réellement passé samedi dernier au Stade de France ? Certes, on a pu voir deux équipes s’affronter sur le terrain, mais en dehors du terrain, dans les travées qui permettent d’accéder à cet énorme stade, construit à l’occasion de la Coupe du Monde de 1998 et censé accueillir 80 000 spectateurs, que s’est-il produit ? Quel incident majeur a provoqué ce retard de plus d’une demi-heure du début du match ?
Si pour le savoir, vous attendez les résultats d’une commission d’enquête impartiale, vous risquez d’attendre longtemps. Et si vous espérez en savoir plus en écoutant le préfet Lallement ou le ministre de l’intérieur Gérad Darmanin, vous allez être franchement déçus. Parce que question langue de bois et enfumage, ces deux-là sont capables de performances redoutables. Pour vous tenir au courant, préférez par exemple les threads Twitter des journalistes britanniques présents dans les tribunes, le soir de la finale…
Le fait est que pendant plusieurs minutes, des millions de spectateurs ont pu voir le Stade de France se remplir de supporters du Real tout de blanc vêtus, tandis que les supporters de Liverpool arrivaient au compte-goutte. Pour ceux qui ont, comme moi, les images du Heysel gravés dans la mémoire, cela n’augurait rien de bon. Heureusement, rien d’aussi terrible ne s’est produit ce jour-là. Si ce n’est que la police française s’est ridiculisée aux yeux de millions de fans de foot.
Le hooligans, si hooligans il y eut, les clubs anglais ont appris à les gérer depuis fort longtemps. Et l’on aurait pu s’attendre, à l’occasion d’un tel match à ce que les forces de l’ordre se synchronisent avec leurs homologues outre-Manche. Je suis sûr que le partage de savoir-faire aurait fait du bien des deux côtés. Les flics anglais auraient appris à être un peu plus rudes, nos flics à nous à faire un peu plus dans la politesse. Mais apparemment, rien de cela ne s’est passé.
Pire, un jour de match au Stade de France, les supporters des deux camps ont eu droit à une grève de RER B.
Quiconque a déjà mis les pieds à Saint-Denis sait ce que cela signifie. Déjà que l’accès en voiture est pénible, couper le RER avec une telle affluence, concentrée sur un si court laps de temps, cela relevait de la négligence absolue, voire de la volonté réelle de nuire à autrui. Nous autres, franciliens, connaissons la capacité de nuisance des syndicats qui ont la main mise sur les transports en commun. Fallait-il exporter le modèle, et donner une leçon de non savoir-vivre au reste du monde ?
Ne nous leurrons pas, nous avons donné, ce soir là, une piètre image de la France.
Sur le même sujet, lire également l’excellent article du blog Le choix des mots.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
J’ai passé une grande partie de ma vie à Saint-Denis, pas tout près du stade, mais pas loin.
J’ai pu constater que c’est assez bizarrement desservi.
En particulier, les cars de spectateurs peuvent se trouver garés un peu n’importe où,
et leurs passagers peinent à les retrouver au moment de rembarquer.
Sinon, le monument, en lui-même, est remarquable.