L’Outsider
Adapté du roman autobiographique de l’ancien trader de la Société Générale, L’Engrenage, l’Outsider confirme que l’affaire Kerviel fait désormais bel et bien partie de l’historie économique française. Inutile de revenir sur les faits, connus de tous. Intéressons-nous plutôt à ce qu’apporte – ou plutôt n’apporte pas – ce film.
L’Outsider retrace le parcours de Jérôme Kerviel, de son arrivé à la banque jusqu’à ce que la direction de celle-ci prenne conscience de l’ampleur du problème. Le film ne traite donc pas les aspects postérieurs: ni la démission de l’équipe de direction, ni le procès intenté par la banque à l’encontre de son ancien salarié. Le film ne fait que raconter cette période d’un peu moins de dix ans, qui voit un salarié du middle-office, plutôt réservé, devenir assistant trader puis trader, sous la protection d’un boss omnipotent, Fabien Keller. Puis se retrouver sans management de qualité, du jour où ce dernier part à New-York, et pouvoir procéder à des opérations extrêmement risquées sans que sa direction ne s’en aperçoive. Jusqu’au jour…
Le film tombe malheureusement, comme nombre de films sur le milieu du trading, dans les clichés habituels: ambiance survoltée, blagues de potaches, soirées au Baron, courtiers plus ou moins véreux, on a droit à tout le baratin. Un peu décevant, mais passons.
Là où le film pêche, c’est que sous prétexte de se vouloir didactique sur l’affaire Kerviel, il nous laisse finalement assez désarçonnés sur ce qui s’est réellement passé. Kerviel aurait donc « spielé » pour faire être plus performant, sans se rendre compte qu’il dépassait les barrières. Mais « spielé » sur quoi? Avec quel argent? Là-dessus, le film reste opaque, et on a bien du mal à comprendre ce qui s’et réellement passé. C’est bien dommage.
Reste l’interprétation de François-Xavier Demaison, jubilatoire, et d’Arthur Dupont, neurasthénique à souhait. A ce titre, l’Outsider n’est pas si décevant, et se laisse voir. Il finira en rediffusion sur TF1 un dimanche soir…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Fabien Keller me semble un personnage romancé (espérons qu'il ne déplaira pas à notre camarade Fabienne Keller).
Le N+1 de Kerviel s'est reconverti dans la distillerie:
https://www.polytechnique.org/profile/eric.cordelle.1991
Et son N+2 est resté dans la finance:
https://www.polytechnique.org/profile/martial.rouyere.1992
romancé mais pas très nuancé