Je ne crois pas en Ello et voilà pourquoi
Depuis quelques jours, le web bruisse de rumeurs autour d’un nouveau réseau social du nom de Ello. On lui promet un grand avenir. Je lui crois, moi, un destin beaucoup plus cruel: sombrer dans les oubliettes du royaume des médias sociaux. Voici pour quelles raisons.
Un réseau social vaut d’abord par les personnes qu’on y trouve et les informations qui y circulent. Or pour l’instant, je n’y trouve aucune des personnes avec qui j’ai envie de discuter, et je ne trouve absolument aucune raison pour laquelle ces personnes avec qui j’ai l’habitude d’échanger migreraient du jour au lendemain de Facebook, LinkedIn, Twitter, vers ce « Ello ». Facebook, LinkedIn et Twitter jouent un rôle d’attracteur, de trou noir, qui empêchent toute migration massive d’utilisateurs. Le seul moyen de percer pour un réseau social, c’est de se différencier par une offre fonctionnelle innovante: Snapchat et sa non persistence, Pinterest et son organisation en tableaux, Instagram et ses filtres.
La promesse de ne pas monétiser sa base d’utilisateurs … n’engage que ceux qui y croient. Sur Ello, il n’y aura pas de pub. Vraiment? Il faut être bien naïf pour croire qu’un réseau social peut viser une cible de plusieurs centaines de millions d’utilisateurs, sans disposer de moyens financiers conséquents, probablement apportés par des fonds bienveillants. Or la bienveillance des fonds ne dure qu’un moment: un jour où l’autre, il faudra bien que l’investissement soit rentable. Et que se passera-t-il alors?
Le cimetière se remplit doucement de tentatives de contrer Facebook. Diaspora, Google+ qui n’en finit pas de décoller, Medium (sur lequel il se passe parfois des choses intéressantes, certes, mais à petite échelle)), et même Microsoft avec son So.cl (tient, je suis sûr que vous l’aviez oublié celui-là, même si son logo est proche de celui d’Ello…). Oui, il est vraiment difficile de déloger un service utilisé par des millions de gens qui y trouvent à peu près ce qu’ils veulent y trouver (même si tout n’est pas parfait). Il ne faut pas oublier que Facebook a pu se développer dans un univers dans lequel il n’avait quasiment pas de concurrent. Seul Myspace aurait pu prétendre à le contrer à l’époque, mais il n’arrivait pas à la cheville de la plateforme développée par Zuckerberg et ses amis. Car c’est bien en terme de plateforme qu’il faut penses, et non simplement de réseau social.
Bref, Ello peut faire le buzz pendant quelques jours, avant que nos mémoires ne l’enterrent définitivement. Rendez-vous dans un an pour faire le bilan?
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec