Jacques Vergès
Georges Ibrahim Abdallah, Klaus Barbie, Carlos, Anis Naccache, Tarek Aziz, Khieu Samphân , Magdalena Kopp, il les aura tous défendus. Jacques Vergès, c’était pour beaucoup l’avocat des « salauds », des cas indéfendables. Sa disparition le 15 août dernier a dû en réjouir plus d’un.
Pourtant, tout aussi antipathique qu’il ait pu paraître, Jacques Vergès va laisser un vide. Car le rôle qu’il remplissait, à merveille, était celui qui caractérise toute démocratie: tout individu, quel qu’il soit, a le droit d’être défendu. Et défendre des cas aussi indéfendables que celui de Barbie, de Carlos ou d’Anis Naccache, ce n’est pas à la portée de tous.
Je me suis souvent demandé si un tel avocat devait prendre fait et cause pour ses clients au fond de lui-même, ou s’il ne les défendait que pour faire son métier correctement, et qu’au fond de lui-même il était convaincu de leur culpabilité. Vergès, par ses propos souvent agressifs (du moins devant les journalistes), et sa méthode de défense particulière, adhérait-il aux thèses et aux actes de Klaus Barbie, de Naccache, ou de Georges Ibrahim Abdallah? Ou ne s’est-il érigé comme avocat des cas tordus que pour construire sa fortune personnelle? Nous ne le saurons jamais.
Vergès a disparu, et les grands procès de son époque aussi. Qui aurait-il à défendre, s’il revenait parmi nous? Bachar El-Assad? Mohamed Morsi ou son prédécesseur, Moubarak? La vraie question, en réalité, est de savoir qui prendra la place de Jacques Vergès, défenseur des indéfendables, et révélateur de certaines tragédies de nos sociétés.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec