Jacques Delors
Passé du soutien de Chaban-Delmas dans les années 60 au Mitterrandisme dans les années 70, devenu ministre de l’économie et des finances lorsque le Parti socialiste pris le pouvoir en 1981, Jacques Delors incarnait une peut-être le prototype de ce qu’Emmanuel Macron a voulu mettre en place en devenant chef de l’état : une sorte de juste milieu entre des réformes de gauche et une politique de droite éclairée. Pas étonnant qu’il soit devenu le premier président de la commission européenne, et à ce titre, soit considéré comme l’un des principaux artisans de l’Union européenne telle que nous la connaissons.
L’Europe, en passant
C’est en effet durant son mandat, qui dura près de dix années, que furent mises en place certaines des principales mesures : l’espace Schengen, le programme Erasmus, le traité de Maastricht ou la politique agricole commune, toutes choses qui meublent notre quotidien, pour le meilleur ou pour le pire. Un père fondateur, en quelque sorte, mais plus dans la pratique que dans la théorie.
On peut d’ailleurs se demander si l’Union européenne, telle qu’elle est aujourd’hui « pratiquée », correspond à la vision qu’il en avait, ou au projet qu’il portait en ces temps là. Alors qu’on associe souvent Jacques Delors à l’Europe, il faut bien considérer qu’à partir de 1995, son influence sur les sujets européens est finalement quasi nulle. Ne sommes-nous pas d’ailleurs, nous français, convaincus du projet européen parce qu’il a été incarné par des personnalités comme lui, alors que depuis presque trente ans, il part vers d’autres directions ?
Qu’est ce que le courage en politique ?…
Père de Martine Aubry, et à ce titre, géniteur indirect des 35 heures, Jacques Delors restera, dans ma mémoire, comme un sujet de dissertation philosophique sur le courage en politique à lui tout seul. Delors renonça, en effet, à prendre la tête des troupes socialistes lors de l’élection de 1995, que le PS n’aurait sans doute eu aucun mal à remporter, face à une droite divisée entres les supporters de de Balladur et ceux de Chirac, arguant qu’il ne pourrait peut-être pas bénéficier d’une majorité absolue à l’assemblée nationale – tout comme Renaissance depuis quelques mois, soit dit en passant…
Le courage en politique consiste-t-il à mener le combat jusqu’à son issue, ou à mettre un terme prématuré à l’effort quand on sait pertinemment qu’il ne servira rien, pour se consacrer à d’autres tâches peut-être plus utiles ?
Vous avez quatre heures…
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec