Jacques Chirac
Jacques Chirac était un homme politique doté d’une certaine stature, du moins d’un point de vue physique. Il marquera les mémoires, pour beaucoup de sujets, à l’insu de son plein gré…
Car de Jacques Chirac, nous garderons tous un ou plusieurs souvenirs, parfois bons, parfois mauvais. Et si une chose est sure, c’est qu’il ne laissait pas indifférent.
Alors essayons, ensemble, d’égrener quelques uns des faits marquants de sa carrière politique.
- Son goût prononcé pour les petites phrases. Certaines sont devenues célèbres: « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre », « les emmerdes, ça vole en escadrille ». Je ne pense pas qu’il les inventait, mais il avait un don pour les recycler. Le Canard Enchaîné s’en délectait. Il a même forgé un néologisme: abracadabrantesque. Et fait un usage explosif du mot pschttt.
- Son goût prononcé pour les trahisons. Je me souviens de deux trahisons célèbres. En 1974, il trahit Chaban-Delmas, pour lui barrer la voie vers la tête du mouvement gaulliste. Sept ans plus tard, il trahit Giscard et laisse filer Mitterrand, se disant qu’il serait probablement le meilleur candidat pour incarner l’opposition. Cela faillit fonctionner. Mais la cohabitation de 1986 à 1988 lui fut fatale. Inversement, il fut payé en superbes trahisons, de la part d’Edouard Balladur – son ami de 30 ans – et de Nicolas Sarkozy.
- Jacques Chirac fut le premier président français à reconnaître la responsabilité de l’état français dans la politique de Vichy. Ce que Mitterrand ne fit jamais. Sans parler de leurs prédécesseurs.
- Il souhaitait marquer l’indépendance de la France vis a vis de toute politique américaine. Cela se vit en 2003, lors du discours de Dominique de Villepin à l’ONU. Et cela se vit lors de sa célèbre visite à Jerusalem, où il fit l’esclandre dont certains se souviennent encore, vis a vis des services d’ordre à Jerusalem.
- On peut aussi mettre ce dernier point sur le plan d’une politique arabe affirmée. N’oublions pas que le réacteur nucléaire irakien que l’aviation israélienne fit sauter dans les années 80 était surnommé « O-Chirac » (son véritable nom était Osirak).
- Il aimait la bonne bouffe, et cela se ressentait, lors de ses visites au salon de l’agriculture. Il aimait la bière. Et selon ce que rapporte Philippe de Villiers, sa date historique préférée était: 1664, Kronenbourg.
- Il fut le président qui dirigea la France de 1995 à 2007, soit pendant les 12 premières années de développement du Web. Et on ne peut pas dire qu’il fut un président particulièrement technophile. Sa sortie sur « le mulot » est restée tout aussi célèbre.
- Lors des élections présidentielles de 1995, alors que tout le monde le donnait perdant, il réussit un des plus beaux come-backs de la vie politique en France et peut-être même à l’international. Et le logo de sa campagne, repris par les Guignols de l’Info (cf. plus bas), est resté dans les mémoires…
- Le 21 avril 2002, il se retrouva au second tour face à Jean-Marie Le Pen, et obtint un soutien massif au second tour. Ce qui ne l’empêcha pas de dédaigner cet appui des forces de gauche lors de sa réelection.
- Jacques Chirac fut aussi le président qui, élu avec une large majorité en 1995, réussit, par une extraordinaire et improbable dissolution de l’Assemblée Nationale en 1997, à se retrouver en cohabitation avec un premier ministre socialiste, Lionel Jospin, cinq années durant. Autrement dit, il s’est payé la cohabitation des deux côtés de la table.
- Il fut le premier maire de Paris. Un poste qu’il a conquis, mais qu’il a tout fait pour préserver, par la grâce de systèmes de financement plus ou moins occultes et d’emplois fictifs qui lui vaudront une condamnation en 2011. Mais son attachement politique le plus fort, c’est celui qui le reliait à la Corrèze.
- Et de plus en plus de gens, je crois, on finit par l’identifier avec sa marionnette aux Guignols de l’Info…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec