Iran – Israel : le match continue…
Depuis quelques mois, un match titanesque oppose les deux principales puissances du proche et moyen-orient : Israel et l’Iran. Si, au tout début, la république islamique d’Iran se masquait derrière ce qu’on appelle désormais couramment ses proxies, les choses ont changé depuis avril dernier, et l’attaque balistique déclenchée depuis le territoire iranien vers le territoire israélien, avec le résultat qu’on connait. Depuis, Israel a riposté une première fois, dans la foulée, puis l’Iran a de nouveau attaqué au début du mois d’octobre, à l’aide de drones et de missiles, et l’on s’attendait à une réponse israélienne depuis quelques jours…
C’est chose faite. La réponse israélienne aux provocations iraniennes s’est poursuivie, sous une forme qui ressemble plus à un duel à fleurets mouchetés : une pique par-ci, une pique par-là. Pourtant, il ne faut pas se méprendre, chaque attaque s’apparente à un message plus ou moins explicite adressé à la partie adverse.
Dans le cas de l’Iran, il s’agit essentiellement de démontrer son savoir-faire balistique, un savoir-faire qui s’étend de la conception de missiles de moyenne portée à la précision encore approximative, à l’usage de drones portante une charge explosive d’une dizaine de kilogrammes, capable de faire de gros dégâts humains lorsqu’ils touchent des cibles dans des zones denses ou des bâtiments habités.
Du côté d’Israel, le message est largement plus précis. Lors de la première riposte, Israel a démontré sa capacité à toucher des cibles précises, en l’occurence une station radar, à l’aide de missiles air-sol lancés hors de l’espace aérien iranien. Mais lors de l’attaque qui a eu lieu samedi matin, le message adressé aux Mollahs est, me semble-t-il, beaucoup plus significatif. Plus d’une centaine de chasseurs et de bombardiers ont apparemment pu pénétrer dans l’espace aérien iranien, déjouer la défense anti-aérienne, et toucher des infrastructures industrielles impliquées dans la conception de drones et de missiles iraniens. Rien que ça…
Ce n’est certes pas un message aussi direct qu’aurait pu l’être une frappe sur les moyens de production de pétrole iranien (dont la Chine est l’un des principaux clients) ou les infrastructures impliquées dans la conception d’une future arme nucléaire iranienne (ce qui aurait été peut-être interprété comme une déclaration de guerre), mais un message suffisamment explicite : nous avons le moyen de venir chez vous malgré la distance qui nous sépare (ce qui démontre, au passage, la maîtrise du ravitaillement en vol d’une large escadrille, même en territoire hostile), de nous jouer de vos systèmes de défense aussi sophistiquées qu’ils prétendent l’être (coucou aux S-300 russes), et faire le ménage là où bon nous semble (par exemple en réduisant la production de drones, avec au passage un impact sur le conflit en Ukraine…).
Bref, Israel a sifflé la fin de la partie.
Si Téhéran souhaite poursuivre le match, ses dirigeants devront accepter d’en payer le prix…
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec