Inglorious Basterds
L’un des plaisirs de la VOD en général, et de CanalPlay en particulier, c’est de pouvoir s’offrir pour une somme modique (4,99€), une grande soirée ciné à la maison. Ce fut le cas hier soir: trop paresseux pour faire la queue dans un ciné de quartier, nous nous sommes payés une telle soirée par Freebox interposée. Notre choix s’est porté sur un film récent, Inglorious Basterds, le dernier Quentin Tarantino.
Comme tout Tarantino, celui-ci est subtil mélange de dialogues filmés de manière exceptionnelle, et de scènes d’une rare violence (scalp et tabassages à coups de batte de baseball compris). Du grand cinéma, comme chaque fois. Rien à dire.
Mais Inglorious Basterds est aussi un film de guerre, dont l’action se situe durant le second conflit mondial. Il met aux prises, d’un côté, une équipe de soldats américains d’ascendance juive, dirigée par un officier d’origine apache, qui décide de dézinguer violemment tout ce qui porte une insigne nazie pour effrayer l’ennemi; et de l’autre, un chasseur de juifs tout ce qu’il y a de plus patibulaire. Et tout cela , autour d’un hypothétique complot contre les principales figures du IIIe Reich, Hitler, Göring, Goebbels et Borman inclus, complot se situant dans une salle de cinéma parisienne.
Comme dans tous les films de guerre sur le second conflit mondial, Tarantino cède à un travers passablement énervant: dans tous ces films, en effet, les dignitaires ou les officiers nazis sont interprétés comme des personnages ostensiblement fous, tordus, ridicules, monstrueux. De Christopher Walz, ici, à Raplph Fiennes dans la liste de Schindler, c’est le même type d’interprétation. Or c’est tout l’inverse qui, à mes yeux, caractérise l’univers des SS et de la folie nazie. Ces gens là ont agi en toute conscience, de manière pensée et organisée, sans toute la gestuelle que le cinéma a construit autour de leurs horribles actes. La monstruosité des nazis porte sur leurs actes, pas sur leurs grimaces.
Mention spéciale pour Mélanie Laurent: aussi bien dans ce film que dans Le Concert, elle irradie d’une grâce naturelle, notamment au travers de son regard immatériel. Elle pourrait bien être la future Catherine Deneuve.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
J’ai tendance à penser comme toi.
D’autant plus que lorsqu’on lit les travaux écrits en Allemagne au 19ème et au début du 20ème siècle par des gens que l’on considère aujourd’hui comme admirables on voit la formation de l’ensemble des théories mises en oeuvre par Hitler (sans l’antisémitisme, mais il était probablement une conséquence logique du reste).
S’il y a eu folie, elle a été collective, et elle a eu pour base une forme de raison. Du moins il me semble.
Un exemple : http://christophe-faurie.blogspot.com/2009/04/le-savant-et-le-politique.html
Un autre : http://christophe-faurie.blogspot.com/2008/12/heidegger-pour-les-nuls.html
Si je puis me permettre, j’ai vu un excellent téléfilm sur Arte vendredi dernier (29/01/2010), nommé Conspiration, de Frank Pierson (avec Kenneth Branagh):
http://tv.voila.fr/programme/arte/2010-01-29/conspiration-33073367.html
ou, sur le site d’Arte: http://www.arte.tv/fr/semaine/244,broadcastingNum=1078068,day=5,week=8,year=2010.html (et http://www.arte.tv/fr/programmes/242,date=29/1/2010.html)
Et justement, ce qui choque, c’est la « tranquille détermination » avec laquelle les élites du régime allemand ont planifié l’élimination des Juifs (« et associés »).
Je cite:
« Faute de preuves
La force de cette fiction historique, c’est de faire entendre le nazisme dans le texte, en rappelant que des hommes bien réels ont mis en oeuvre l’Holocauste – et qu’ils ont été nombreux, après la guerre, à échapper, « faute de preuves », à tout châtiment. Tout le talent de la mise en scène et des acteurs, Kenneth Branagh en tête, consiste à rendre concrète, crédible, « ordinaire », l’atrocité des mots et des actes qu’ils vont entraîner dans les semaines et les mois qui suivront. »