Histoire des Juifs de France

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Il faut une sacrée dose de courage pour se lancer dans une Histoire des Juifs de France. Qui plus est dans un format court, celui de la collection Que sais-je, alors que l’histoire des relations entre notre beau pays et sa communauté juive (ou plutôt ses communautés, pourrait-on presque dire) remonte presque à l’époque de la Gaule romaine et pourrait occuper plusieurs tomes d’une encyclopédie… C’est pourtant le projet dans lequel s’est lancé l’historien Jérémy Guedj, spécialiste de l’histoire contemporaine et vice-président de la SHJT.

Il faut dire qu’il existe déjà de nombreux livres sur les relations tumultueuses entre la France, qu’il s’agisse de ses gouvernants ou de ses habitants dans son ensemble, et « ses » Juifs. Des ouvrages comme ceux de Simon Schwarzfuchs ou de Philippe Bourdrel ont déjà traité le sujet de manière approfondie. Mais il s’agit, dans leurs cas, de volumes plutôt épais parus à la fin du siècle dernier, qui traitent près de deux mille ans d’histoire, remontant aux origines pour enchaîner sur le Moyen-Âge, et qui ne traitent pas l’histoire mouvementée des 30 dernières années.

Le concept du livre de Jérémy Guedj est tout autre : il ne traite que des 250 dernières années, de l’émancipation des Juifs sous la Révolution jusqu’à la période la plus récente, l’attaque du 7 octobre 2023. Autrement dit, il apporte une brique d’analyse essentielle dans l’histoire des relations toujours compliquées entre cette communauté qui n’aspire qu’à une vie tranquille, dans une France à l’abri des tourments, prenant le risque d’une analyse à chaud sur certains sujets.

J’ai toujours apprécié les Que sais-je, car ils permettent aux auteurs talentueux d’exprimer la quintessence d’un sujet en quelques dizaines de pages. Je garde précieusement deux d’entre eux, datant de la première époque de cette collection lancée par les PUF : celui consacré au calendrier (par Paul Couderc), et un autre consacré à la relativité (par Stamatia Mavridès). Si vous ne les avez jamais lus, faites-vous un plaisir simple, si vous parvenez à vous les procurer… Le livre de Jérémy Guedj, au format plus récent né de la fusion entre les PUF et les éditions Belin, va rejoindre cette catégorie d’ouvrages de références.

Sans s’appesantir sur aucune des nombreuses phases des relations entre les Juifs de France et leurs compatriotes – dans ce format, c’est difficile – il n’omet cependant aucun des moments majeurs qui ont contribué à façonner cette relation complexe et évolutive, dont la forme et les aspirations ont dépendu à la fois de la forme de pouvoir – empire, royauté ou république, sans oublier Vichy… – et de l’air du temps.

Cette alternance de périodes heureuses et de périodes plus douloureuses est peut-être ce qui caractérise le plus la communauté juive de France. Il ne me semble pas que les Juifs des États-Unis ou de Russie aient connu une telle alternance de hauts et de bas. Les Juifs américains se sont remarquablement intégrés, sans que la question de la judéité ne soulève de problème de double obédience. Quant à ceux de Russie ou de l’URSS, leur histoire n’est finalement qu’une longue litanie de malheurs et de désastres.

À l’inverse, les Juifs de France ont traversé ces deux siècles et demi en alternant l’espoir d’une intégration réussie – et elle le fut à plusieurs titres – et la tristesse d’une forme d’abandon, dont l’intensité et la forme ont pu varier au cours du temps, qu’il s’agisse de l’affaire Dreyfus, de la déportation de 75 000 Juifs de France par les Nazis avec l’aide du régime de Vichy, ou depuis quelques années par l’indifférence dans laquelle se développent les nouvelles formes d’antisémitisme.

Petit rappel sur un discours marquant…

Le mérite principal de cette Histoire des Juifs de France, me semble-t-il, c’est d’aborder cette succession d’alternances tout en expliquant les changements induits sur la communauté juive elle-même, dont les constituants tout autant que les centres d’intérêt évoluent de manière parallèle. L’israélitisme de la fin du 19e siècle, qui associe son avenir aux succès futurs de la IIIe République n’a plus rien à voir avec le judaïsme communautaire du début du 21e siècle, fragmenté et parcouru de mouvements qui n’ont presque plus rien à voir entre eux, si ce n’est un attachement viscéral à Israel, dont la naissance en 1948 a radicalement influencé l’histoire du peuple juif dans son ensemble, et celle des Juifs de France par incidence.

Bref, si vous ne connaissez rien à cette histoire tourmentée, ou si, au contraire, vous en connaissez un bout mais souhaitez vous rafraîchir la mémoire par un parcours rapide et une vue d’ensemble synthétique, n’hésitez pas une seconde et cliquez ici. Vous serez comblés.

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