Halte à l’insecticide !
Les insectes, faut-il les protéger ou les bouffer ? C’est la question que je me suis posé, après la lecture de cette chronique publiée par Le Monde, hier soir. Son auteur, Stéphane Foucart, y évoque les signes alarmants de l’extinction des insectes. Il nous invite à lire le récent livre de Dave Goulson, qui évoque la disparition massive des insectes pollinisateurs, avec les conséquences directes et indirectes que cela implique : sans pollinisateur, l’agriculture mondiale s’effondre, provoquant une famine d’une ampleur effroyable, touchant les humains tout comme l’élevage.
Brrr, on en a froid dans le dos.
Mais alors qu’une (trop faible) partie de l’espèce humaine s’inquiète de la disparition prochaine des abeilles et des guêpes, une autre partie de l’humanité s’intéresse au développement de ce qu’on nous présente comme l’alimentation principale de demain, et la solution aux problèmes de famines dans le monde : l’élevage d’insectes pour la consommation. Le même quotidien du soir nous présentait par exemple, six mois plus tôt, Innovafeed, une start-up française créée en 2016, et qui vient de réaliser une levée de fonds de 250 millions d’euros pour se développer. Et je vois de plus en plus souvent apparaître dans mon fil d’actualité Facebook des messages d’alerte d’amis qui s’offusquent de ce que la commission européenne, autorise désormais la commercialisation de produits alimentaires contenant des farines d’insectes, sous réserve d’étiquetage approprié. Grillons et scarabées ont désormais le droit de venir agrémenter certains produits, comme des barres de céréales. Pour les repérer, faites attention par exemple à la mention Acheta domesticus.
Au-delà de l’éventuel dégoût, ou des contraintes imposées par les lois alimentaires de telle ou telle religion, la mise en parallèle de ces deux informations a de quoi laisser perplexe le consommateur lambda. Les insectes, faut-il les protéger ou les manger ? Ou bien faut-il simplement continuer de les écrabouiller, dès qu’ils nous importunent durant les après-midis estivaux ?
La réponse n’est pas si simple. Ne protéger que les pollinisateurs, c’est oublier que d’autres espèces animales, comme les oiseaux ou les petits rongeurs, se nourrissent de ces animaux, et risqueraient de modifier leur comportement, si on les prives des larves auxquelles elles sont habituées.
Une chose est certaine, néanmoins : cet été, allez y mollo sur l’insecticide.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec